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5ième épisode de L'ODYSSEE DE LA SALAMANDRE Amicalement et Fraternellement, Emilien Casali (Auteur) casali.emilien@wanadoo.fr Découvrez Les dessins des élèves ci-dessous Ginel Ostafe - Elève de Lucica Ion - Roumanie Andreea Rotaru - Elève de Lucica Ion - Roumanie Mirela Popa - Elève de Lucica Ion - Roumanie Sorin Dimitru - Elève de Lucica Ion - Roumanie Svetlana Shafir - Ukraine Katia Lukanina - Ukraine Mihaela haican - Elèves de Georgeta Manea Teodora Dumitru - Elèves de Georgeta manea Liviu Boloiu - Elèves de Georgeta manea Marius Oprea - Elève de Manuela Buciuman Prince - Elève de Akissita Alouatchou Elèves de Mustapha Kdid de l'école Bnihlil de Khénifra - Maroc Bogdan Armanu - Elève de Carmen Corlateanu Irina Mihut - Elève de Carmen Corlateanu Roxana Mihalcut - élève de Carmen Corlateanu TITRE « L’ODYSSEE DE LA SALAMANDRE » dans : « Divine et la Colombe » 5ième épisode ROBERTO MISS MARYL LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS SYLVESTRE (L’ex facteur) FRANCESCA LUNA BELLA ALESSANDRO PICOLINO HONORE BONCOEUR MADEMOISELLE DIVINE LA COLOMBE AGATHE APPOLINAIRE BAGAITA KAÏS MELANIE FLORE LE PRINCE CHARMANT ZIAD LA MAMAN DE ZIAD PROTECTION SACD N°187998 GENRE : Comédie Fantastique AUTEUR : Emilien Casali Lieu : L’action débute à bord de la Salamandre, magnifique goélette… casali.emilien@wanadoo.fr http:// compballadins.populus.ch/ - http://biblioscolaire.populus.ch/ PROLOGUE ROBERTO, MISS MARYL, LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS, ALESSANDRO PICOLINO, SYLVESTRE (L’ex facteur), FRANCESCA, LUNA BELLA, HONORE BONCOEUR, MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, AGATHE L’action débute sur le pont de la Salamandre, magnifique goélette de 3 mâts ancrée sur les côtes marocaines… En soirée… Roberto et Luna Bella donnent un cours extrait du final de la pièce CADEAU SURPRISE devant un public composé de 5 personnes qui, pendant ce temps-là, dévore des Gnocchi dans une assiette : Miss Maryl, Monsieur le Comte, Sylvestre est Francesca sont allongés sur des chaises longues ; Honoré Boncoeur est allongé sur son hamac. LUNA BELLA Sur l’autoroute de la peur pas le moindre bruit. En cours de route le poids lourd un arrêt fit Sur le parking silencieux recouvert d’un ciel gris. ROBERTO Dans un petit coin était le chiot tout rabougri. LUNA BELLA Le chauffeur vérifia dans le coffre sa marchandise, S’approcha de la cage où logeait mon jeune ami. Effrayé et recroquevillé sur lui-même était-il. ROBERTO Enchaîné, affamé, assoiffé, il était très affaibli. LUNA BELLA Le chiot pensait : « de moi que va-t-il advenir ? » En son fort intérieur l’inquiétude avait grandi. Le ravisseur comptait-il se débarrasser de sa marchandise ? ROBERTO Le pauvre petit chiot fut battu à mord sans merci ! LUNA BELLA, sort de l’aquarium Peu après son crime, le chauffeur gagna la grande ville, Déposa le malheureux chiot abattu dans la garderie. Avant de s’enfuir, il empocha au passage la mise à prix. ROBERTO Certes, aujourd’hui, mon vieil ami le chien est libre ! LUNA BELLA, prend Roberto par le bras En effet, peu de temps après, un maître le recueillit Dans un état des plus lamentable et tout rabougri. L’animal fit une cure et goûta aux joies de la vie. ROBERTO A jamais, l’esprit du chien fut marqué par le crime. LUNA BELLA Si jamais un jour vous croisez un chien, les amis, Accompagnant son maître, l’air honteux et malhabile, Ne lui jetez surtout pas de pierre, faites-lui un sourire ! ROBERTO Donnez-lui simplement une caresse, ce peut-être lui ?! LUNA BELLA Pareil sort, d’autres chiots en sont victime aujourd’hui. Heureux, auprès de vous, dès lors ils devront se sentir. Sachez que fidèle et loyaux sont les animaux de compagnie ! J’y pense, Roberto, comment allons-nous faire à la fin du show pour disparaître de la scène instantanément ? ROBERTO Deux secondes, Luna Bella, je n’ai pas tout à fait terminé. LUNA BELLA Il faut tout de même en parler, tu ne crois pas ? ROBERTO Nous n’en sommes pas encore là ? On verra bien ? LUNA BELLA Et pourtant, c’est un détail qui a toute son importance. On va faire comment pour se téléporter ? ROBERTO Tu verras bien. FRANCESCA La répétition est terminée, les enfants ? Dans ce cas, venez manger vos Niocchi ! ROBERTO, s’adresse à Luna Bella Allons manger les Gnocchi, ils vont refroidir. LUNA BELLA Tu n’as pas répondu à ma question, Roberto ? ROBERTO On en reparle tout à l’heure, si tu veux bien, merci. LE COMTE Bonne appétit, les amoureux ! ROBERTO Voulez-vous bien la mettre en sourdine, Majesté. Mainte fois, vous ai-je dit qu’il ne se passe rien entre la chienne et moi. La presse people raconte des sottises. LE COMTE Aurais-je fait une gaffe, mon ami ? MISS MARYL Ce n’est pas la première, Monsieur le Comte. LE COMTE Ce ne sera sans doute pas la dernière non plus, ma chère et tendre Miss Maryl. MISS MARYL Pour cela, je vous fais confiance. HONORE BONCOEUR, allongé dans son hamac Tes Gnocchi sont fameux, Francesca ! LE COMTE Ils sont très appétissants ! Félicitations, ma chère ! SYLVESTRE Personne ne félicite l’éplucheur de pomme de terre ? FRANCESCA, applaudit Sylvestre Je rappelle que Monsieur Sylvestre a mis 3 jours pour éplucher 10 kilos de pommes terre. SYLVESTRE Parfaitement, ma petite dame ! ROBERTO Il n’était pas question de frites au menu ? FRANCESCA Tu n’apprécies pas mes Gnocchi, Roberto ? ROBERTO Bien sûr que oui, Francesca ! Seulement voilà, j’aime également les frites… MISS MARYL Décidément, Monsieur ne pourra jamais se passer de ses frites. ROBERTO Effectivement. J’adore les frites ! Où est le problème ? LA COLOMBE, surgit des airs au même moment transportant un panier sur son dos Il n’y a pas de problème, Monsieur ! En revanche, serait-il possible à une Colombe de partager ce délicieux repas en votre compagnie ? FRANCESCA Dieu du ciel ! D’où peut bien sortir ce curieux volatile ? HONORE BONCOEUR, allongé dans son hamac Une Colombe ! C’est bon signe ! LA COLOMBE, se pose sur le pont de la goélette Mes copines et moi avons traversées toute l’Afrique sans effectuer la moindre halte. AGATHE, dans le panier Ils attendent quoi pour dire oui ? J’ai une faim de loup ! LUNA BELLA, se rapproche de la Colombe Tu n’es pas toute seule, Colombe ? Qui est dans le panier ? DIVINE, dans le panier Tout à l’heure, j’ai cru entendre la voix de mon papa, Agathe ? AGATHE Je croyais que ton papa était de Kinshasa ? DIVINE, dans le panier Il arrive à mon Papa de quitter la République du Congo pour se rendre en vacances où bon lui semble. HONORE BONCOEUR, descend du hamac Serait-ce toi, ma petite Divine ? AGATHE Ton Papa t’a reconnu, Divine. Tu ne dis plus rien ? LA COLOMBE Ton Papa te pose une question, Divine ? AGATHE, sort du panier Divine est un petit peu timide, Papa Honoré… elle n’ose pas sortir du panier… elle a peur de se faire gronder… LA COLOMBE D’habitude, Mademoiselle est beaucoup plus affirmée. HONORE BONCOEUR Je suis tout à fait d’accord avec toi, Colombe. LA COLOMBE Mademoiselle Divine aurait-elle perdu sa langue ? Est-ce possible ? HONORE BONCOEUR Eh bien, ma fille, qu’attends-tu pour venir embrasser ton Papa ? DIVINE, dans le panier Tu ne diras pas à Maman Julie que tu m’as vu, n’est-ce pas ? HONORE BONCOEUR Toi non plus, tu ne diras rien à Maman ? DIVINE, dans le panier Maman ne sait pas que tu es là ? HONORE BONCOEUR A présent, nous sommes deux dans ce cas, ma fille. LA COLOMBE Tu attends quoi pour aller embrasser Papa Honoré, Divine ? DIVINE, bondit hors du panier et saute au cou de Papa Honoré pour l’embrasser Papa Honoré ! HONORE BONCOEUR, tient Honoré dans ses bras Puis-je savoir où ma petite fille comptait se rendre ainsi sur le dos d’une Colombe ? DIVINE Si tu savais, Papa Honoré, tous les voyages qu’on a fait ensemble. Trop cool ! HONORE BONCOEUR Tu vas me raconter tout ça, ma fille. Mais d’abord, tu vas dire bonjour à mes nouveaux amis. DIVINE Il est joli ce bateau ! HONORE BONCOEUR Il s’agit de la Salamandre, ma fille. MISS MARYL, s’approche de Divine Salue, Divine ! Est-ce exact que tu fais le tour du monde sur le dos de la Colombe pour récolter des poèmes ? DIVINE Tu es qui, Madame ? HONORE BONCOEUR, présente tour à tour ses amis Je te présente, Miss Maryl, ma chérie. Et le Monsieur qui est allongé sur le siège s’appelle Christophe Rodolphe David Miguel… LE COMTE, fait un signe de la main à Divine Mes hommages, Mademoiselle ! DIVINE, désigne Roberto du doigt Et lui ? C’est Roberto, j’en suis certaine ! J’ai vu l’affiche de son prochain spectacle collée sur tous les murs. ROBERTO Salue, Divine ! Tu as récolté beaucoup de poèmes durant ton voyage ? DIVINE De merveilleux poèmes ! Je vous en lirai quelques-uns tout à l’heure. Seulement si vous êtes cool ! LUNA BELLA, salue Divine Trop cool ! Salue,Baby ! Je suis Luna Bella,la partenaire de Roberto dans «Cadeau Surprise! » FRANCESCA, salue Divine Enchantée de faire ta connaissance, Divine ! Je suis Francesca, sa Maîtresse ! SYLVESTRE Comme toujours, l’éplucheur de pomme de terre compte pour du beurre ! HONORE BONCOEUR Je te présente Monsieur Sylvestre. ALESSANDRO PICOLINO, surgit avec la barre dans une main C’est méga cool !!! Mademoiselle Divine est dans les parages, les amis ! (Il s’approche de Divine et lui fait un bisou) J’ai un cadeau pour toi, Divine ! ça te branche la barre du navire ? FRANCESCA Que fais-tu encore avec cette barre dans les main, Alessandro ? ce n’est pas croyable ! ALESSANDRO PICOLINO On en a plus besoin, grand-mère, maintenant que la Salamandre avance toute seule. FRANCESCA Rends la immédiatement ! DIVINE, se saisit de la barre Non, elle est à moi maintenant ! HONORE BONCOEUR Ce n’est pas possible, ma fille ! On va retirer l’ancre dans quelques jours et repartir sur les flots. On va en avoir besoin, comprends-tu ? DIVINE Dommage ! MISS MARYL De toute façon, seuls les poèmes t’intéressent, n’est-ce pas, Divine ? ROBERTO D’ailleurs, nous sommes tout émerveillés, mes compagnons et moi, à l’idée d’entendre ton récit, petite princesse ! AGATHE, confortablement installée avec la Colombe dans le hamac, dégustant les Niocchi Vas-y, Divine, raconte ton histoire pendant que je déjeune avec la Colombe. Fameuses, vos Niocchi, Madame Francesca ! ALESSANDRO PICOLINO, grimpe sur le hamac Tu permets que je m’installe à coté de toi, ma belle Colombe. LA COLOMBE Tu t’appelles comment, petit ? ALESSANDRO PICOLINO Je suis Alessandro Picolino, petit fils de Francesca et de Francesco Bello. Mon grand-père doit d’ailleurs venir nous récupérer bientôt pour nous ramener à Milan dans notre maison. C’est bientôt la rentrée des classes. LA COLOMBE Tu veux ma fourchette, Picolino, pour manger les Niocchi ? ALESSANDRO PICOLINO Tu es Méga cool comme Colombe. Tu as le cœur sur la main, cela se voit bien. Alors, comme ça, tu voyages avec Divine… ce doit être amusant l’aventure dans les airs ? Moi aussi j’aimerais bien voyager dans les nuages… LE COMTE Eh bien, ma fille, qu’attendez-vous pour nous faire votre récit de voyage ? LA COLOMBE Pour ce faire, il vous faut un mot de passe, Messieurs dames ! Pas vrai, Divine ? DIVINE, tend le panier Je vous raconterai mon histoire à condition que vous m’offriez un poème ! HONORE BONCOEUR Voilà que ma fille nous fait son chantage ! FRANCESCA Justement, j’ai un poème pour toi, Divine. DIVINE Tu veux bien le déposer dans mon panier, s’il te plait. FRANCESCA Amitié ! En entrant dans le cercle de l'amitié, J'ai laissé à l'extérieur tout ce qui Nous sépare et j'ai conservé Soigneusement tout ce qui nous unit. Paix ! Paix ô toi importante pour moi ! Je voudrais tant que ce monde si grand Devienne pour un instant Comme le sourire d'un enfant, L’innocence de cette présence, L’inconscience. Peut-être que cette paix pourra un jour apparaître Mais ne restera-t-elle qu'un rêve? Où sera-t-elle un jour pour toujours ? Que les hommes essayent au moins de la faire naître Comme naît un enfant qui tout petit devient grand. Alors, ayons confiance dans le miracle de la vie ! Et toi, homme, souris ! Et tu verras… cela se fera ! Liberté ! Moi, je suis libre de : COURIR ! SAUTER ! CHANTER ! M'EXPRIMER ! COMPTEMPLER ! SOURIRE ! Mais combien d'hommes ne peuvent le faire ? Moi, je suis consciente du cadeau que mon pays M'a offert et quand je peux le faire... Je pense à eux... Comme j'ai de la chance et je le pense... Quand j'admire un ciel bleu, Un paysage merveilleux Quand je peux… Alors, oui ! Je pense vraiment à celui qui « LUI » ne le peut ! Un nuage de fumée envahit les lieux qu’il recouvre peu à peu… FIN DU PROLOGUE ------------------------------------- ACTE 1 / SCENE 1 MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, DES ENFANTS Le nuage se dissipe peu à peu. Nous sommes à présent dans une cour d’école… Mademoiselle Divine joue dans la cour d'école à l'heure de la récréation en compagnie de ses camarades de classes quand soudain, une magnifique colombe se pose non loin de là. LA COLOMBE, s'adresse au groupe d'enfants avec à sa tête Mademoiselle Divine Approchez-vous, les enfants, j'ai à vous parler d'urgence ! MADEMOISELLE DIVINE Qui es-tu ? LA COLOMBE Je suis une colombe, cela ne se voit pas, petite ? MADEMOISELLE DIVINE Je ne suis pas une petite ! Moi, je m'appelle Divine. Mon papa s'appelle Honoré et ma maman Julie. (Elle désigne du doigt ses copines) Elles, ce sont mes copines de classe. Et ici, tu es dans une cours d’école ! Les étrangers n’ont rien à faire ici. Qu'est-ce que tu nous veux ? Et puis d'abord, comment se fait-il que tu parles ? Un oiseau ne parle pas. LA COLOMBE Je ne suis pas tout à fait un oiseau comme les autres. MADEMOISELLE DIVINE Je ne te crois pas, Colombe ! LA COLOMBE C'est pourtant vrai, je t'assure. MADEMOISELLE DIVINE Dans ce cas, bats de l'ail, Colombe ! Allez, dépêche-toi ! Tout le monde te regarde ! LA COLOMBE Tu préfères l'ail droite ou l'ail gauche ? MADEMOISELLE DIVINE Fais comme tu voudras, Colombe ! Et surtout, dépêche-toi ! J'entends sonner la cloche, la récréation est terminée. Il faut que retourne en classe. J’ai un cours de poésie qui m’attend. Dépêche-toi, voyons ! LA COLOMBE, bat des ailes Tu me crois, maintenant ? MADEMOISELLE DIVINE Bof ! Bof ! La poule de mon voisin fait exactement la même chose que toi. Vraiment, je ne vois pas ce que tu as de si différent des autres oiseaux à plumes... Bon, d'accord, tu parles ! Et alors ? Cela ne prouve rien. Moi aussi, je parle. LA COLOMBE Je l'ai remarqué. MADEMOISELLE DIVINE Tu m'excuses, mon amie la Colombe, je dois absolument rentrer en classe. Sinon, je vais me faire gronder par ma maîtresse. LA COLOMBE Tu as déjà voyagé dans les airs, Divine ? MADEMOISELLE DIVINE Honoré, mon papa, m'a dit qu'un jour il me ferait faire un grand voyage en avion tout là-haut dans les nuages ! LA COLOMBE Je prie pour que ton vœu soit exaucé, Divine. MADEMOISELLE DIVINE C’est vraiment très cool de ta part ! LA COLOMBE Ton vœu, c’est un peu le mien aussi. MADEMOISELLE DIVINE Vraiment ? LA COLOMBE A propos, ton papa t’a dit où il comptait t’emmener exactement ? MADEMOISELLE DIVINE Je ne te le dirai pas. C’est un secret entre mon papa Honoré et moi. LA COLOMBE Dis-moi ton secret et je te dirai le mien ensuite ! MADEMOISELLE DIVINE Non ! Dis-moi d’abord le tien, et ensuite, je te dirai le mien. LA COLOMBE De toute façon, je sais où ton Papa veut t’emmener ? MADEMOISELLE DIVINE Tu ne trouveras jamais ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! MADEMOISELLE DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! MADEMOISELLE DIVINE Très bien. Dans ce cas là, si tu trouves mon secret, moi aussi je prierai pour que ton vœu soit exaucé. LA COLOMBE Ah ! Ah ! je vois que tu aimes jouer. DIVINE J’adore jouer. LA COLOMBE Très bien. DIVINE Je t’écoute. LA COLOMBE Tu as déjà vu la tour Effel ? MADEMOISELLE DIVINE Mon Papa m’a dit que la tour Effel se trouvait à Paris. LA COLOMBE Et ton papa t’a dit aussi que c’était le plus haut monument de Paris. MADEMOISELLE DIVINE Comment tu sais tout ça, Colombe ? LA COLOMBE Je te l’ai dit, je ne suis pas un oiseau comme les autres. MADEMOISELLE DIVINE Tu es une maligne, Colombe ! LA COLOMBE Pas autant que toi, Divine. MADEMOISELLE DIVINE Je te signale que tu n’as toujours pas deviné mon secret. LA COLOMBE Et pourtant, je ne suis pas loin du but. MADEMOISELLE DIVINE Trop tard ! Tu dois me livrer le tien à présent. LA COLOMBE Mais non, mais non ! MADEMOISELLE DIVINE Mais si, mais si ! LA COLOMBE Mais non, mais non ! MADEMOISELLE DIVINE Mais si, mais si ! LA COLOMBE Eh bien, j’ai trouvé ! MADEMOISELLE DIVINE Tu m’as juste parlé de la tour Effel. Et alors ? Cela ne prouve rien. LA COLOMBE Mais si, mais si ! MADEMOISELLE DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Ton papa veut t’emmener en France, c’est bien cela ? MADEMOISELLE DIVINE Tu as découvert mon secret. Ce n’est pas juste, mais alors pas juste du tout ! LA COLOMBE J’ai gagné ! MADEMOISELLE DIVINE Tu m’excuses, belle colombe, mais je dois absolument retourner en classe, j’ai un cours de poésie qui m’attend. LA COLOMBE Un instant, Divine. Où vas-tu ? Tu ne peux pas partir comme cela. Tu dois d’abord exaucer mon vœu. MADEMOISELLE DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! MADEMOISELLE DIVINE Et ensuite, tu me diras ton secret ? LA COLOMBE Promis ! MADEMOISELLE DIVINE Dans ce cas, allons-y ! C’est quoi ton vœu ? LA COLOMBE Tu apprends la poésie, c’est bien cela ? MADEMOISELLE DIVINE Je commence à peine. Bon. Abrège un peu ! LA COLOMBE J’aimerais que tu lises un poème avec moi à haute voix. Tu veux bien faire cela pour moi ? MADEMOISELLE DIVINE Tu sais bien que mes connaissances en poésie sont minimes. Je regrette, mais je n’ai jamais entendu parlé de ce poème. LA COLOMBE Pas de vœu, pas de secret ! MADEMOISELLE DIVINE Tu es compliqué, Colombe. Si c’est comme cela, je m’en vais. LA COLOMBE Je lance le premier couplet, et tu poursuis. On fait comme cela, Tu vas voir, c’est magique ! MADEMOISELLE DIVINE Dépêche-toi, voyons ! Dépêche-toi ! LA COLOMBE Sur mes cahiers d'écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable de neige J'écris ton nom La Colombe marque un léger temps d’arrêt MADEMOISELLE DIVINE J’ai comme l’impression que le cours de poésie a déjà commencé. LA COLOMBE Surtout, reste concentrée ! MADEMOISELLE DIVINE Ton poème est joli, en effet, mais je n’y arriverai pas. LA COLOMBE Je t’assure que tu peux le faire. Applique-toi ! MADEMOISELLE DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! MADEMOISELLE DIVINE Zut alors ! Que ne faut-il pas faire pour découvrir un secret ! LA COLOMBE Grimpe sur mon dos ! Tu trouveras beaucoup mieux l’inspiration en altitude ! MADEMOISELLE DIVINE Il n’est pas question que je fugue de l’école. Si jamais papa Honoré l’apprend, il va me priver de dessert pour le restant de l’année. LA COLOMBE Ne t’en fais pas, il est au courant. C’est d’ailleurs lui qui m’a donné la permission de t’enlever. Papa Honoré sait parfaitement que tu n’as rien à craindre avec la Colombe de la Liberté. MADEMOISELLE DIVINE Et dire que mon rêve était de voler. LA COLOMBE En voiture, s’il vous plait ! MADEMOISELLE DIVINE, grimpe sur le dos de la Colombe Seulement, je te préviens… on ne va pas trop loin. LA COLOMBE J’ai un secret à te livrer, Divine. MADEMOISELLE DIVINE Ce n’était pas trop tôt ! Je t’écoute, ma chère Colombe. LA COLOMBE Nous allons nous rendre ensemble dans les écoles pour y récolter des poèmes d’enfants. MADEMOISELLE DIVINE En voilà une drôle d’idée ! LA COLOMBE Cela te dirait-t-il de faire le tour du monde sur mon dos ? MADEMOISELLE DIVINE J’avais dit : pas trop loin ! LA COLOMBE Sur les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J'écris ton nom MADEMOISELLE DIVINE Sur les images dorées Sur les armes des guerriers Sur la couronne des rois J'écris ton nom LA COLOMBE Sur la jungle et le désert Sur les nids sur les genêts Sur l'écho de mon enfance J'écris ton nom (Première partie du poème de Paul Eluard – « Liberté ») Après quoi, Divine s’envole sur le dos de la Colombe… FIN DE LA SCENE 1 ----------------------------- ACTE 1 / SCENE 2 BAGAITA, APPOLINAIRE, LA COLOMBE, MADEMOISELLE DIVINE Divine est placé sur le dos de la Colombe avec qui elle plane dans les airs MADEMOISELLE DIVINE C’est génial, mon amie la Colombe ! Trop génial ! J’ai la tête dans les nuages ! Si Papa Honoré et maman Julie voyaient ça, il n’en croirait pas leurs yeux ! J’adore planer dans les airs ! LA COLOMBE On va bientôt atterrir, Divine. MADEMOISELLE DIVINE Déjà ! On vient à peine de décoller ! LA COLOMBE Je viens d’apercevoir Appolinaire qui hurle près du fleuve sacré ! MADEMOISELLE DIVINE C’est qui Appolinaire ? LA COLOMBE C’est est un garçon très cool ! Il se rend régulièrement au bord du fleuve Congo pour adresser des complaintes au ciel. MADEMOISELLE DIVINE En voilà une drôle d’idée ! Il ferait mieux d’apprendre ses leçons ! LA COLOMBE Ne t’en fais pas pour lui, Divine, Appolinaire est très doué. Il connaît ses leçons sur le bout de ses doigts. MADEMOISELLE DIVINE Hein ? Quoi ? Comment cela ? LA COLOMBE, s’apprête à atterrir au bord du fleuve Congo Tu verras bien, ma belle ! Bon, maintenant, accroche-toi à mon cou ! Je vais plonger dans le vide ! MADEMOISELLE DIVINE, se pend à son cou Fais attention ! On va s’écraser, Colombe ! LA COLOMBE Rassure-toi, Divine, j’ai des milliers d’heures de vol derrière moi. MADEMOISELLE DIVINE Je tiens trop à ma vie. LA COLOMBE Tu sais, chez moi, l’atterrissage, c’est comme le décollage, un jeu d’enfant ! Vois plutôt ! (La Colombe plonge dans le vide) MADEMOISELLE DIVINE Au secours ! LA COLOMBE, atterrit Et hop là ! Atterrissage en douceur ! MADEMOISELLE DIVINE, applaudit Bravo ! La colombe atterrit au bord du fleuve Congo à quelques pas de Appolinaire qui médite LA COLOMBE, lui pose le doigt sur la bouche Silence ! Tu vois bien qu’Appolinaire médite. APPOLINAIRE Lorsque l'enfant paraît le cercle de famille Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille Fait briller tous les yeux, Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être ? Se dérident soudain à voir l'enfant paraître, Innocent et joyeux. Enfant vous êtes l'aube et mon âme est la plaine Qui des plus douces fleurs embaume son haleine Qu'on ose pas toucher, Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire On rit, on se récrie, on l'appelle et sa mère Tremble à le voir marcher... Les yeux des enfants ont une douceur infinie, Et leur petites mains, joyeuses et bénies, Ignorent le mal encore ! Jamais, vos jeunes pas n'ont touché notre fange, A l'auréole d'or ! La nuit lorsque tout dort, quand l'esprit rêve, à l'heure Où l'on entend parfois une petite voix qui pleure, Sur des ailes d'azur, Sans le comprendre encore, vous explorez le monde. Double virginité : corps où rien n'est immonde, Ame où rien n'est impur ! Il est si beau l'enfant avec son doux sourire, Ses deux grands yeux ouverts qui ne savent pas mentir. Dans le mal triomphant : Préserve-moi Seigneur, d'été sans fleurs vermeilles, De cage sans oiseaux, de ruche sans abeilles, D'une Maison sans enfants ... Lorsque l'enfant paraît - (Victor Hugo) MADEMOISELLE DIVINE, s’approche de lui et lui tape sur l’épaule Bonjour, mon frère ! APPOLINAIRE Salut, petite sœur ! Moi, c’est Appolinaire ! MADEMOISELLE DIVINE Je m’appelle Divine. Et voici dame la Colombe. LA COLOMBE Bonjour, Monsieur Appolinaire ! APPOLINAIRE Je peux savoir ce que vous faites ici, tous les deux ? MADEMOISELLE DIVINE J’ai été désignée pour récolter des poèmes dans le monde entier. APPOLINAIRE C’est quoi cette blague ? LA COLOMBE Divine dit la vérité, mon frère ! MADEMOISELLE DIVINE Seulement voilà, je n’ai pas de panier pour les récolter. LA COLOMBE, fait apparaître un panier Il suffisait de le demander, Divine. MADEMOISELLE DIVINE Ouahou ! Comment tu fais ça ? LA COLOMBE N’oublie pas que j’ai plus d’un tour dans mon sac. MADEMOISELLE DIVINE Un jour où l’autre, il faudra que tu me donnes des cours de magie. LA COLOMBE Pas de problème ! MADEMOISELLE DIVINE C’est vrai ! Je vais devenir une magicienne ? LA COLOMBE Puisque je te le dis ! APPOLINAIRE Ce n’est pas que je m’ennuie, les amis, mais la nuit va bientôt tomber… il faut que je retourne au village. MADEMOISELLE DIVINE Tu me donnes/un poème avant de partir. APPOLINAIRE Trop tard, Mademoiselle Divine ! Je viens d’en lancer un dans le ciel ! (Il s’apprête à partir) Bonsoir ! MADEMOISELLE DIVINE, le retient par le bras Je ne peux pas quitter le fleuve Congo bredouille. De quoi vais-je avoir l’air, maintenant ? APPOLINAIRE Tu es tenace, petite sœur. LA COLOMBE Mademoiselle Divine sait ce qu’elle veut dans la vie. MADEMOISELLE DIVINE Exactement ! (Elle lui tend son panier) Allez ! Donne-moi un poème avant de partir ! Tu veux bien ? APPOLINAIRE, se saisit du panier Grâce à toi, Divine, je vais retrouver ma dignité. Je vais te livrer le plus beau de mes poèmes. Satisfaite ? MADEMOISELLE DIVINE, lui fait un gros bisou sur la joue C’est comme ça que je t’aime, mon frère ! APPOLINAIRE, chante en balançant lentement le panier Sur tous mes chiffons d'azur Sur l'étang soleil moisi Sur le lac lune vivante J'écris ton nom Sur les champs sur l'horizon Sur les ailes des oiseaux Et sur le moulin des ombres J'écris ton nom (Seconde partie du poème « Liberté » de Paul Eluard) BAGAITA, surgit au même moment prenant Appolinaire par le bras Enfants d'un jour, ô nouveaux nés, Petites bouches, petits nez, Petites lèvres demi-closes Membres tremblants, Si frais, si blancs, Si roses. Enfants d'un jour, ô nouveaux nés, Pour le bonheur que vous donnez A vous voir dormir dans vos langes Espoir des nids Soyez bénits ! Chers anges ! Pour vos grands yeux effarouchés Que sous vos draps blancs vous cachez, Pour vos sourires, vos pleurs même, Tout ce qu'en vous, Etres si doux, On aime ! Lorsque sur vos chauds oreillers, En souriant vous sommeillez, Près de vous tout bas, ô merveille ! Une voix dit : - Dors beau petit, Je veille. C'est la voix de l'ange gardien, Dormez, dormez, ne craignez rien, Rêvez, sous ses ailes de neige, Le beau jaloux Vous berce et vous Protège. Enfants d'un jour, ô nouveaux nés, Au Paradis, d'où vous venez. Un léger fil d'or vous rattache A ce fil d'or Tient l'âme, encor(e) Sans tache. Vous êtes à toute maison Ce que la fleur est au gazon, Ce qu'au ciel est l'étoile blanche Ce qu'un peu d'eau Est au roseau Qui penche. Mais vous avez de plus encor(e) Ce que n'a pas l'étoile d'or, Ce qui manque aux fleurs les plus belles : Bonheur pour nous Vous avez tous Des ailes. Les ailes des petits enfants - (Alphonse Daudet 1840-1897) Bagaita prend Appolinaire par le bras et l’entraîne avec lui. MADEMOISELLE DIVINE Là, c’est clair, je reste sans voix ! Appolinaire remet le panier à Divine et quitte les lieux avec Bagaita… Après quoi, Divine grimpe sur le dos de la Colombe et s’envole… FIN DE LA SCENE 2 ACTE 1 / SCENE 3 MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, FLORE, LE PRINCE CHARMANT,MELANIE, KAÏS Divine est placé sur le dos de la Colombe avec qui elle vole sans le ciel LA COLOMBE, chante « Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… » DIVINE Je me demande où sont passés les nuages ? LA COLOMBE Dans le pays que nous survolons, la pluie est rare en été. DIVINE Les nuages me manquent drôlement. J’aime bien y plonger ma tête. LE COLOMBE Hélas, par temps caniculaire, tu ne risques pas d’en voir beaucoup par ici. DIVINE Vivement qu’on change de pays ! LE COLOMBE Tu veux déjà quitter la France ? DIVINE Nous sommes en France ? Chouette : On va voir la tour Eiffel ! LE COLOMBE, chante « Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… » DIVINE J’ai soif, Colombe ! LE COLOMBE, chante « Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… » DIVINE Ohé ! Tu m’écoutes quand je parle ? LE COLOMBE Qui dit « canicule » dit « sécheresse » ! DIVINE Je ne veux pas mourir assoiffée ! LE COLOMBE Rassure-toi, Divine, on finira bien par trouver un point d’eau quelque part. DIVINE Mon Papa Honoré m’a dit qu’il y avait beaucoup de lacs et de rivières en France. LE COLOMBE Il est formellement interdit de boire l’eau des lacs et des rivières, Divine, pour cause d’intoxication. Tu n’es pas sans ignoré, ma chère, que les industries y ont déversé leurs déchets… que 80 pour cent des rivières sont polluées. Triste constat, je sais bien. DIVINE Je meurs de soif, Colombe ! LE COLOMBE La seule eau potable est celle qui coule du robinet. Une eau bien traitée. Il y a aussi les sources qui dorment dans des bouteilles en plastic. DIVINE Des sources qui… quoi ? LE COLOMBE De l’eau d’Evian ! DIVINE Connais pas ! LE COLOMBE Il y aussi l’eau de Contrexéville. DIVINE J’ai hâte de connaître cela ! LE COLOMBE J’aperçois un village à 2000 lieues plus bas. Accroche-toi à mon cou, je vais plonger dans le vide ! Quelques instants plus tard, la colombe atterrit dans un jardin. KAÏS, est assise sur le rebord de la fenêtre Peindre d'abord une cage avec une porte ouverte, Peindre ensuite quelque chose de joli, de simple et de beau, Placer ensuite la toile contre un arbre ou dans un jardin. Se cacher derrière l'arbre, silencieusement sans bouger... Le portrait d'un oiseau –Première partie - (Jacques Prévert 1903-1976) LA COLOMBE, interpelle Kaïs Hep ! Mademoiselle Kaïs ! Tu veux bien me passer une bouteille d’eau, s’il te plait ? Divine et moi mourrons de soif ! KAÏS Qu’est-ce que vous faites dans mon jardin ? Et puis, d’abord, je ne vous connaîs pas. LA COLOMBE Moi, je te connais. Mais dis-moi, pourquoi gémis-tu de la sorte sur le rebord de ta fenêtre ? KAÏS Parfois l'oiseau arrive vite, ou bien des années après, Ne pas se décourager : attendre. Si l'oiseau arrive, attendre que l'oiseau pénètre dans sa cage, fermer alors tout doucement la porte avec le pinceau, Puis effacer un à un tous les barreaux... Peindre ensuite le vert feuillage, la fraîcheur du vent, la poussière du soleil, le bruit des bêtes, de l'herbe dans la chaleur de l'été. Si l'oiseau chante c'est bon signe, vous pouvez alors signer le tableau en arrachant tout doucement une des plumes de l'oiseau et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau. Le portrait d'un oiseau – Seconde partie - (Jacques Prévert 1903-1976) LA COLOMBE Ah ! Je comprends mieux maintenant : tu es poétesse ! KAÏS Et après ? LA COLOMBE Cela tombe bien, Mademoiselle Divine a pour mission de récolter des poèmes dans le monde entier auprès des enfants et adolescents ? KAÏS Contente de l’apprendre. DIVINE C’est cool ! Tu vas pouvoir m’en donner un. KAÏS Et tu comptes en faire quoi ensuite ? DIVINE Le faire découvrir à tous les enfants de la Francophonie. KAÏS Mes poèmes n’intéressent personne. DIVINE Bien sûr que oui. LA COLOMBE Rends-toi compte, Kaïs, tu vas être connu dans le monde entier ! Tout le monde va savoir ce que tu as dans le cœur. DIVINE C’est génial, tu ne trouves pas ? KAÏS Et bien entendu, il faut payer pour participer à ce jeu. LA COLOMBE Absolument pas ! KAÏS Je ne te crois pas, Colombe. LA COLOMBE Je t’assure que c’est vrai, Kaïs. KAÏS Rien n’est gratuit de nos jours, Je ne te crois pas. DIVINE Tu as raison, Kaïs ! LA COLOMBE Tais-toi, Divine ! Ne raconte pas de bêtises ! C’est gratuit et plus que gratuit ! DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! KAÏS Bon, faudrait savoir… je dois payer pour vous donner un poème, oui ou non ? DIVINE Nous récolterons ton poème à condition que tu me montres la source qui coule dans une bouteille en plastic. KAÏS C’est quoi ce délire ? LA COLOMBE Une bouteille d’Evian ! DIVINE J’ai soif ! KAÏS Mais d’où peuvent-ils bien sortir, ces deux assoiffés ? Vous arrivez du désert ? DIVINE Tu veux que les enfants découvrent ton poème, oui ou non ? Bon, dépêche-toi ! LA COLOMBE Cela suffit, Divine ! C’est quoi ces manières ? Depuis quand marchandes-tu ? Ce n’est pas ce qui était convenu entre nous, voyons ! DIVINE Mais si, mais si ! LA COLOMBE Mais non, mais non ! DIVINE Mais si, mais si ! LA COLOMBE Mais non, mais non ! KAÏS, siffle Bon, c’est d’accord ! J’accepte ! Tu l’auras ta bouteille d’eau ! DIVINE C’est super ! Je vais boire une bouteille d’Evian ! KAÏS Désolé, je n’ai pas d’Evian. En revanche, j’ai du contrex ! (Il lui montre une bouteille d’eau) Elle contient un litre d’eau. DIVINE Ce n’est pas ce que j’ai demandé. KAÏS Mais si, mais si ! DIVINE Mais non, mais non ! KAÏS Mais si, mais si ! LA COLOMBE Bon, abrégez les enfants ! J’ai soif ! DIVINE, place son panier sous la fenêtre Dépose la bouteille dans le panier, Kaïs ! KAÏS C’est toujours d’accord pour mon poème, les amis ? DIVINE Magne-toi, Kaïs ! Nous sommes sur le point de mourir de soif ! KAÏS Mais avant toute chose, je déclame mon poème. DIVINE Mais non, mais non ! KAÏS Mais si, mais si ! DIVINE Mais non, mais non ! KAÏS Mais si, mais si ! LA COLOMBE Accordé ! Divine se place sous la fenêtre le panier à la main KAÏS, déclame son poème à haute voix la bouteille à la main C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Le dormeur du Val - (Arthur Rimbaud 1854-1891) Divine et la Combe applaudissent Kaïs dépose ensuite la bouteille d’eau dans le panier et quitte le rebord de la Fenêtre LA COLOMBE, se saisit de la bouteille A ta santé, Kaïs ! Divine et la Colombe s’abreuvent DIVINE Elle est drôlement bonne cette source de Contrex ! J’adore ! LA COLOMBE, lui retire la bouteille des mains Oui, ben… ce n’est pas une raison pour tout boire. Laisse s’en un peu. La route est encore longue ! (Elle dépose la bouteille dans le panier) MELANIE, rentre dans le jardin, accompagnée de Flore Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup Il enrichit ceux qui le reçoivent Sans appauvrir ceux qui le donnent Il ne dure qu'un instant Mais son souvenir est parfois éternel Personne n'est assez riche pour s'en passer Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter Il crée le bonheur au foyer Il est le signe sensible de l'amitié Un sourire donne du repos à l'être fatigué Rend du courage au plus découragé Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler Car c'est une chose qui n'a de valeur Qu'à partir du moment où il se donne Et si quelquefois vous rencontrez une personne Qui ne sait plus avoir le sourire Soyez généreuse, donnez-lui le vôtre Car nul n'a autant besoin d'un sourire Que celui qui ne peut en donner aux autres. FLORE Merci pour tes dix conseils, Mélanie ! MELANIE Tu es mon amie. DIVINE, accourt au devant des filles Vous arrivez à temps, les filles. La colombe et moi étions sur le point de nous envoler. Allez-y ! Déposez vos poèmes dans le panier ! FLORE Si tu es las et que la route te paraît longue Si tu t'aperçois que tu t'es trompé de chemin Ne te laisse pas couler au fil des jours et du temps Recommence... Si la vie te semble trop absurde Si tu es déçu par trop de choses et trop de gens Ne cherche pas à comprendre pourquoi Recommence... Si tu as essayé d'aimer et d'être utile Si tu as connu ta pauvreté et tes limites Ne laisse pas là une tâche à moitié faite Recommence... Si les autres te regardent avec reproche S'ils sont déçus par toi, irrités Ne te révolte pas, ne leur demande rien Recommence... Car l'arbre rebourgeonne en oubliant l'hiver Car le rameau fleurit sans demander pourquoi Car l'oiseau fait son nid sans songer à l'automne Car la vie est espoir et recommencement. Auteur non connu Tout le monde applaudit LE PRINCE CHARMANT, surgit Je t’ai dit de ne plus remettre les pieds ici, Flore ! Va-t-en ! MELANIE Pas question ! LE PRINCE CHARMANT De quoi je me mêle, Mélanie ? FLORE Mélanie est ma copine. Tu l’as laisse tranquille ! LE PRINCE CHARMANT Que viens-tu faire dans mon jardin, Flore ? Va-t-en ! FLORE J’attends tes explications. LE PRINCE CHARMANT Je n’ai rien à te dire. FLORE Tu n’es pas cool comme prince charmant. LE PRINCE CHARMANT Je fais ce que je peux. FLORE Réfléchis tout de même. LE PRINCE CHARMANT C’est tout vu ! Bon, très bien, c’est moi qui m’en vais ! Il s’apprête à partir MELANIE, retient le prince charmant par le bras Dis-moi quelque chose. LE PRINCE CHARMANT Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait éclose Sa robe de pourpre au soleil A point perdu cette vêprée Les plis de sa robe pourprée Et son teint au vôtre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place, Las, las ! ses beautés laissé choir ! O vraiment marâtre Nature Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusque au soir ! Donc si vous me croyez, mignonne, Tandis que votre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur la vieillesse Fera ternir votre beauté. La Rose (Pierre de Ronsard : 1524 - 1585) (Odes 1,17) FLORE, danse avec le prince charmant tout en déclamant son poème On ne peut me connaître Mieux que tu me connais Tes yeux dans lesquels nous dormons Tous les deux, Ont fait à mes lumières d'homme Un sort meilleur qu'aux nuits du monde. Tes yeux dans lesquels je voyage Ont donné aux gestes des routes Un sens détaché de la terre. Dans tes yeux ceux qui nous révèlent Notre solitude infinie Ne sont plus ce qu'ils croyaient être. On ne peut te connaître, mieux que je te connais. Elle est debout sur mes paupières Et ses cheveux sont dans les miens Elle a la forme de mes mains Elle a la couleur de mes yeux, Elle s'engloutit dans mon ombre Comme une pierre sur le ciel. Elle a toujours les yeux ouverts Et ne me laisse pas dormir, Ses rêves en pleine lumière Font s'évaporer les soleils... LES YEUX FERTILES - (Paul Eluard 1895-1952) Le prince charmant prend Flore par la main et quitte les lieux ; Mélanie s’en va de son coté… LA COLOMBE Mademoiselle Divine a-t-elle récolté suffisamment de poème pour aujourd’hui ? DIVINE Fabuleux ! Je suis rassasiée ! LA COLOMBE Et maintenant, si nous allions voir la tour Eiffel ? DIVINE, grimpe sur le dos de la Colombe C’est une bonne idée ! LA COLOMBE Décollage immédiat ! Divine et la Colombe s’envolent rapidement FIN DE LA SCENE 3 ----------------------------------------- ACTE 1 / SCENE 4 MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, AGATHE Le vent souffle… en soirée… LA COLOMBE, vol dans les airs avec Divine sur son dos Ces jours-ci, tu as fais une très belle récolte de poèmes, Divine. DIVINE, pendue au cou de la Colombe, le panier sous son bras Oui, oui. LA COLOMBE Tu n’es pas contente ? DIVINE Si, si… LA COLOMBE On ne dirait pas !? DIVINE Si, si… LA COLOMBE C’est tout ce que tu dis ? AGATHE, dans le panier Mademoiselle Divine a froid, Colombe ! DIVINE Je gèle ! Le vent souffle très fort, ce soir. Je ne porte qu’un sweet-shirt sur moi. LA COLOMBE Tu aurais pu prévoir un blouson pour te couvrir ? DIVINE A Kinshasa, il fait toujours chaud. Tu devrais le savoir, Colombe. Ce n’est pas comme dans les nuages. AGATHE, dans le panier J’ai de la chance d’être au chaud. DIVINE Ne te moque pas de moi, Colombe. LA COLOMBE Je n’ai rien dit. DIVINE N’en rajoute pas, s’il te plait. Je ne suis pas d’humeur, ce soir. AGATHE, dans le panier Tu ferais mieux de me rejoindre, si tu ne veux pas finir congelée. LA COLOMBE Et qui va voler à ma place ? AGATHE, dans le panier, pouffe de rire La Colombe sur le dos de Divine. Ce serait très amusant ! DIVINE, passe sa main dans le panier Ca y est, je te tiens ! AGATHE, dans le panier Lâche mes cheveux, Divine ! Tu me fais mal ! DIVINE Que fais-tu dans le panier ? Sors de là immédiatement ! Divine lui sort la tête du panier AGATHE, crie Fais attention ! Tu vas m’arracher les cheveux. DIVINE, lui secoue la tête Je t’ai posé une question : tu as 2 secondes pour répondre. Quand et comment t’es-tu introduite dans mon panier ? AGATHE, balbutie en parlant Je te croyais « cool », Divine. LA COLOMBE Qui est cette demoiselle, Divine ? Dis-lui qu’elle s’en aille. AGATHE Gardez-moi avec vous. DIVINE Mais tout d »abord, qui es-tu ? AGATHE Je m’appelle Agathe. Tu veux bien me lâcher les cheveux, maintenant ? Sois cool, Divine ! Je te promets que je ferai tout ce que tu voudras. Je te le jure, ma soeur ! LA COLOMBE Fais lui faire un vol plané, Divine. AGATHE Pas ça ! Pas ça ! Je t’en conjure, Divine ! Je serai sage comme une image. Tu as ma parole. DIVINE Ca souffle très fort, ce soir… tu ne trouves pas Agathe ? AGATHE, lui remet un pull-over J’ai tout prévu ! Tiens, je t’offre un pull-over DIVINE C’est vraiment cool de ta part ! AGATHE Dépêche-toi de l’enfiler, sinon tu vas prendre froid. C’est de la laine de mouton. DIVINE, enfile le pull-over Chouette ! J’adore compter les moutons la nuit ! LA COLOMBE Agathe est encore là, Divine ? AGATHE Oui, et même que je viens avec vous. DIVINE, lui tire les cheveux Un instant, ma belle ! Je ne t’ai jamais dit que tu restais. AGATHE Tu ne vas tout de même pas me balancer dans les airs. Je ne sais pas voler. Et puis, ce n’est pas bien du tout de tirer les cheveux. LA COLOMBE Silence ! Tu vas apprendre à voler. AGATHE Et moi qui croyais que Divine était une demoiselle pacifiste. LA COLOMBE Je suis gentil mais pas idiote. Je ne me rappelle pas t’avoir invité à planer avec moi dans les airs. AGATHE Je n’avais pas de toit et de famille, alors, j’ai vu un panier vide et je suis rentré dedans. DIVINE C’est vrai ce mensonge ? LA COLOMBE Ne l’écoute pas, Divine, elle nous fait tourner en bourrique. AGATHE C’est faux ! J’aime l’amitié par-dessus tout. J’aime partager avec mes amis. DIVINE Dans ce cas, prouve-le ! AGATHE Comment ? LA COLOMBE Si tu veux poursuivre l’aventure sur mon dos, il te faut un laisser passer. AGATHE Je regrette, je n’ai pas de passeport. DIVINE Si tu veux être libre, Agathe, il faut que tu nous offres un poème. AGATHE Je n’en ai pas. LA COLOMBE C’est la seule condition pour rester avec nous. DIVINE Tu n’as pas le choix. AGATHE Désolé, je n’ai rien à dire. DIVINE, lui tire l’oreille Une seconde… LA COLOMBE Changement de cap, Divine ! Je dois contourner le vent. Ne t’en fais pas, toutes les routes mènent à la tour Eiffel. AGATHE On va voir la tour Eiffel ? DIVINE Tout dépendra de toi. J’écoute ! AGATHE, déclame un poème La vie est une chance, saisis-la. La vie est beauté, admire-la. La vie est une béatitude, savoure-la. La vie est un défi, fais-lui face. La vie est un devoir, accomplis-le. La vie est précieuse, prends-en soin. La vie est une richesse, conserve-la. La vie est amour, jouis-en. La vie est un mystère, perce-le. La vie est promesse, remplis-la. La vie est tristesse, surmonte-la. La vie est un hymne, chante-le. La vie est un combat, accepte-le. La vie est une tragédie, assume-la. La vie est une aventure, ose-la. La vie est un bonheur, mérite-le. La vie est la vie, défends-la. Mère Teresa LA COLOMBE Bravo, Agathe ! Maintenant, tu fais partie des nôtres. Un conseil, ma grande : ne prend pas trop de poids au cours du voyage ! AGATHE Et pourquoi cela ? LA COLOMBE Deux passagères sur les épaules, c’est déjà suffisamment lourd comme ça. AGATHE Ne t’en fais pas, colombe, je soigne ma ligne ! Je ne mange que des feuilles de salade. Je ne te coûterai pas cher ! DIVINE Tu te moques de nous ? AGATHE Pas du tout ! Quand je serai plus grande, j’ai l’intention de devenir mannequin. La Colombe disparaît dans un nuage avec Divine et Agathe sur son dos, FIN DE LA SCENE 4 -------------------------------- ACTE 1 / SCENE 5 DIVINE, LA COLOMBE, AGATHE, ZIAD, LA MAMAN DE ZIAD Quelques temps plus tard… La Colombe sort du nuage et vole en basse altitude avec Mademoiselle Divine et Agathe sur son dos DIVINE A présent, où sommes-nous, ma jolie Colombe ? LA COLOMBE, qui vole en basse altitude A vrai dire, je l’ignore, Divine !? AGATHE, dans le panier Quoiqu’il en soit, nous ne sommes pas à Paris, Divine. Je n’aperçois pas la tour Eiffel. DIVINE Je me demande si on la verra un jour la tour Eiffel !? AGATHE Garde toujours en toi une positive vibration, ma sœur. DIVINE Je ne fais que cela, Agathe ! Je t’en supplie, ne dis plus un mot ! C’est suffisamment stressant comme ça, tu ne crois pas, ma sœur ? LA COLOMBE Attention ! Il y a un mur juste en face de nous ! Je ne vais pas pouvoir l’éviter. Bouchez-vous les yeux, les filles ! DIVINE Que se passe-t-il encore ? AGATHE, se cache dans le panier Mon Dieu ! Qu’il est grand ce mur ! LA COLOMBE, s’écrase le nez contre le mur Trop tard ! Quelques instant plus tard, Divine, Agathe et la Colombe sont allongées sur le sol, abasourdies, au pied d’un mur qui sépare en deux une maison… LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Ziad ! Ziad ! Réveille-toi, mon, fils ! ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Je suis fatigué, Maman ! Laisse-moi dormir, s’il te plait ! LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Je crois bien que quelqu’un s’est écrasé contre le mur qui donne de ton coté !? Tu veux bien vérifier, mon fils, merci. De mon coté, tu sais bien que je ne vois rien du tout. ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci J’ai passé une nuit blanche, Maman… j’ai sommeil… LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur La nuit, c’est fait pour dormir, Ziad mon fils ! ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Cette nuit, j’ai dû apprendre correctement mes leçons. Alors, tu comprends, il faut que je me repose un peu, maman… tu sais bien que cet après-midi je passe mon examen pour devenir professeur de français. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Excuse-moi, mon fils, je ne m’en souvenais plus. D’ailleurs, depuis qu’il y a ce mur, je ne suis plus vraiment au courant de ce qui se passe de l’autre coté de la frontière. ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Je comprends cela parfaitement, Maman. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Il y a si longtemps que je n’ai plus revu ton visage, mon fils. ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Que cela te rassure, maman, je n’ai pas beaucoup changé. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Dis-moi, mon fils, tu portes toujours le pantalon que je t’ai offert l’été dernier ? ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Non, Maman. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Tu attends la prochaine lune pour porter ton pantalon sur toi ? ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci J’attends que tu me le renvoies par-dessus le mur, chère et tendre maman. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Effectivement, mon fils. Je l’ai justement lavé hier soir. ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Cet après-midi, je souhaiterais le porter sur moi pour passer mon examen de français. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Ton pantalon sèche à présent dans le jardin. Je vais quant même aller vérifier. De ton coté, vas voir qui s’est écrasé contre le mur. ZIAD, sort de la maison qui donne de ce coté-ci C’est ce que je m’apprête à faire, Maman. LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur Et tu vois quelque chose, mon fils ? ZIAD, se dirige vers nos amis qui sont au sol abasourdis J’aperçois 2 petites filles et une Colombe allongées sur le sol au pied du mur LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur Et que font-elles exactement ? ZIAD, placé à coté de nos amis Elles ont été secouées par le choc, Maman. Je te rassure, elles sont vivantes ! AGATHE Nous sommes simplement KO, Madame ! ZIAD L’une des petites filles dit qu’elle est simplement K.O, Maman. LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur J’ai entendu, Ziad, je ne suis pas sourde ! AGATHE, tend la main à Ziad S’il vous plait, Monsieur, aidez-moi à me relever ! LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur Aide-la à se relever, mon fils ! ZIAD, aide Agathe à se relever C’est ce que je fais, Maman. DIVINE, lui tend sa main Moi aussi, Monsieur… ZIAD Je m’appelle Ziad, Mesdemoiselles. DIVINE, lui sert la main Je m’appelle Divine et ma copine s’appelle Agathe. ZIAD Je vous souhaite la bienvenue à la frontière ! Ma maman habite de l’autre coté du grand mur qui nous sépare. Je reviens ; Vous m’excuserez. (Il rentre dans la maison) LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Pauvre petite ! J’espère qu’elles ne se sont pas fait mal !? DIVINE C’est surtout la Colombe qui a eu mal, Madame ! AGATHE Elle a percutée de plein fouet le grand mur. DIVINE Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé de grave. LA COLOMBE, se relève Que cela vous rassure, Mesdemoiselles, je suis saine et sauve ! J’ai juste quelques égratignures. Mon bec a un peu morflé. (Puis elle bat des ailes) Pour ce qui est des ailes, comme vous pouvez voir, celles-ci sont intactes. AGATHE Es-tu prêtes à décoller, Colombe ? LA COLOMBE Tout doux, tout doux ! Tu permets que je reprenne mes esprits, Agathe ? LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur Je présume que vous n’avez rien dans le ventre, les enfants ? Dans ce cas, je vais vous préparer des galettes. LA COLOMBE, qui bat de l’aile C’est très gentil à vous, Madame. LA MAMAN DE ZIAD Quant à toi, Ziad, tu veux bien leur servir une tasse de thé. ZIAD, sort de la maison, un plateau en main sur lequel repose une théière et des tasses C’est ce que je m’apprête à faire, Maman. Je vous invite à prendre une tasse de thé à la menthe, Mesdemoiselles. DIVINE C’est cool ! ZIAD, sert le thé à chacune dans une tasse Peut-on savoir ce que vous venez faire dans les parages, Mesdemoiselles ? AGATHE La Colombe est sensée nous transporter sur son dos jusqu’à Paris pour voir la tour Eiffel. LA COLOMBE C’est comme si nous y étions, les filles ! DIVINE, la tasse de thé en main En face de moi, je ne vois qu’un grand mur pour le moment. LA COLOMBE Tu es fâchée, Divine, c’est bien cela ?... je suis désolée, le ciel était nuageux… tu comprends… DIVINE, boit le thé Je sais cela parfaitement. LA COLOMBE Je n’avais pas le choix… il m’a fallu rebrousser chemin… DIVINE Nous partons dans combien de temps ? LA COLOMBE D’abord, on mange les galettes de la maman de Ziad, et ensuite, nous repartons de plus belle ! Tu as ma parole, Divine ! DIVINE Je veux partir maintenant ! AGATHE Eh bien moi, je reste ici pour manger les galettes. DIVINE, dépose sa tasse sur le plateau Pas question ! Tu décolles avec nous, Agathe. AGATHE Je fais ce que je veux. DIVINE, grimpe sur le dos de la Colombe Très bien. Je pars sans toi. Allons-y, Colombe ! ZIAD, qui tient dans ses mains le panier de Divine contenant les poèmes Un instant, Divine ! Tu oublies quelque chose. A ce moment-là, on aperçoit une corde au bout laquelle est accroché un panier rempli de galette LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur Vous ne pouvez pas partir sans avoir goutté à mes galettes, les filles ! AGATHE La Maman de Ziad a raison. Nous devons faire honneur à ses galettes ! LA COLOMBE On mange les galettes et on part ensuite, Divine. Tu as ma parole. DIVINE, se frotte les mains Tout compte fait, moi aussi j’adore les galettes ! LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur J’en étais sûre, ma fille ! Allez-y, les enfants, régalez-vous ! Divine se dirige vers le panier rempli de galette, suivie d’Agathe et de la colombe. Tous trois dévorent les galettes. Peu après… LA COLOMBE Et maintenant que nous avons le ventre plein de galettes, les filles, nous pouvons décoller ! DIVINE et AGATHE, grimpent sur le dos de la colombe En voiture, s’il vous plait ! LA COLOMBE Direction Paris la tour Eiffel ! Accrochez vos ceintures les filles ! DIVINE Au revoir, Maman Ziad ! AGATHE Mille et un mercis pour les galettes ! ZIAD, qui tient toujours dans ses mains le panier de Divine contenant les poèmes Un instant, Divine, tu n’oublies rien ? Tu ne vas tout de même pas partir sans ton panier à poèmes ? DIVINE Que suis gourde ! J’ai oublié le panier ! ZIAD Mais avant de te le remettre, me permets-tu d’y déposer un poème ? LA MAMAN DE ZIAD, placée derrière le mur S’agit-il du poème que tu as rédigé toute la nuit pour ton examen de français, Ziad ? ZIAD C’est exactement cela, Maman ! LA MAMAN DE ZIAD Eh bien, mon fils, tu attends quoi pour le déposer dans le panier de Divine. Le monde entier souhaite le découvrir. ZIAD C’est justement ce que je m’apprêtais à faire, Maman. DIVINE, AGATHE et LA COLOMBE, encourage Ziad Hip, Hip, Hip pour Ziad ! Hourra ! Hourra ! ZIAD MADEMOISELLE DIVINE Sur chaque bouffées d'aurore Sur la mer sur les bateaux Sur la montagne démente J'écris ton nom LA COLOMBE Sur la mousse des nuages Sur les sueurs de l'orages Sur la pluie épaisse et fade J'écris ton nom Liberté (Troisième partie du poème « Liberté » de paul Eluard) Ziad remet le panier à Divine LA COLOMBE Que Dieu vous protège ! Après quoi, la Colombe décolle avec Divine et Agathe sur son dos… A suivre… FIN DE LA SCENE 5 FIN DE L’EPISODE
Amicalement et Fraternellement, Emilien Casali (Auteur) casali.emilien@wanadoo.fr Découvrez Les dessins des élèves ci-dessous Ginel Ostafe - Elève de Lucica Ion - Roumanie Andreea Rotaru - Elève de Lucica Ion - Roumanie Mirela Popa - Elève de Lucica Ion - Roumanie Sorin Dimitru - Elève de Lucica Ion - Roumanie Svetlana Shafir - Ukraine Katia Lukanina - Ukraine Mihaela haican - Elèves de Georgeta Manea Teodora Dumitru - Elèves de Georgeta manea Liviu Boloiu - Elèves de Georgeta manea Marius Oprea - Elève de Manuela Buciuman Prince - Elève de Akissita Alouatchou Elèves de Mustapha Kdid de l'école Bnihlil de Khénifra - Maroc Bogdan Armanu - Elève de Carmen Corlateanu Irina Mihut - Elève de Carmen Corlateanu Roxana Mihalcut - élève de Carmen Corlateanu TITRE « L’ODYSSEE DE LA SALAMANDRE » dans : « Divine et la Colombe » 5ième épisode ROBERTO MISS MARYL LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS SYLVESTRE (L’ex facteur) FRANCESCA LUNA BELLA ALESSANDRO PICOLINO HONORE BONCOEUR MADEMOISELLE DIVINE LA COLOMBE AGATHE APPOLINAIRE BAGAITA KAÏS MELANIE FLORE LE PRINCE CHARMANT ZIAD LA MAMAN DE ZIAD PROTECTION SACD N°187998 GENRE : Comédie Fantastique AUTEUR : Emilien Casali Lieu : L’action débute à bord de la Salamandre, magnifique goélette… casali.emilien@wanadoo.fr http:// compballadins.populus.ch/ - http://biblioscolaire.populus.ch/ PROLOGUE ROBERTO, MISS MARYL, LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS, ALESSANDRO PICOLINO, SYLVESTRE (L’ex facteur), FRANCESCA, LUNA BELLA, HONORE BONCOEUR, MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, AGATHE L’action débute sur le pont de la Salamandre, magnifique goélette de 3 mâts ancrée sur les côtes marocaines… En soirée… Roberto et Luna Bella donnent un cours extrait du final de la pièce CADEAU SURPRISE devant un public composé de 5 personnes qui, pendant ce temps-là, dévore des Gnocchi dans une assiette : Miss Maryl, Monsieur le Comte, Sylvestre est Francesca sont allongés sur des chaises longues ; Honoré Boncoeur est allongé sur son hamac. LUNA BELLA Sur l’autoroute de la peur pas le moindre bruit. En cours de route le poids lourd un arrêt fit Sur le parking silencieux recouvert d’un ciel gris. ROBERTO Dans un petit coin était le chiot tout rabougri. LUNA BELLA Le chauffeur vérifia dans le coffre sa marchandise, S’approcha de la cage où logeait mon jeune ami. Effrayé et recroquevillé sur lui-même était-il. ROBERTO Enchaîné, affamé, assoiffé, il était très affaibli. LUNA BELLA Le chiot pensait : « de moi que va-t-il advenir ? » En son fort intérieur l’inquiétude avait grandi. Le ravisseur comptait-il se débarrasser de sa marchandise ? ROBERTO Le pauvre petit chiot fut battu à mord sans merci ! LUNA BELLA, sort de l’aquarium Peu après son crime, le chauffeur gagna la grande ville, Déposa le malheureux chiot abattu dans la garderie. Avant de s’enfuir, il empocha au passage la mise à prix. ROBERTO Certes, aujourd’hui, mon vieil ami le chien est libre ! LUNA BELLA, prend Roberto par le bras En effet, peu de temps après, un maître le recueillit Dans un état des plus lamentable et tout rabougri. L’animal fit une cure et goûta aux joies de la vie. ROBERTO A jamais, l’esprit du chien fut marqué par le crime. LUNA BELLA Si jamais un jour vous croisez un chien, les amis, Accompagnant son maître, l’air honteux et malhabile, Ne lui jetez surtout pas de pierre, faites-lui un sourire ! ROBERTO Donnez-lui simplement une caresse, ce peut-être lui ?! LUNA BELLA Pareil sort, d’autres chiots en sont victime aujourd’hui. Heureux, auprès de vous, dès lors ils devront se sentir. Sachez que fidèle et loyaux sont les animaux de compagnie ! J’y pense, Roberto, comment allons-nous faire à la fin du show pour disparaître de la scène instantanément ? ROBERTO Deux secondes, Luna Bella, je n’ai pas tout à fait terminé. LUNA BELLA Il faut tout de même en parler, tu ne crois pas ? ROBERTO Nous n’en sommes pas encore là ? On verra bien ? LUNA BELLA Et pourtant, c’est un détail qui a toute son importance. On va faire comment pour se téléporter ? ROBERTO Tu verras bien. FRANCESCA La répétition est terminée, les enfants ? Dans ce cas, venez manger vos Niocchi ! ROBERTO, s’adresse à Luna Bella Allons manger les Gnocchi, ils vont refroidir. LUNA BELLA Tu n’as pas répondu à ma question, Roberto ? ROBERTO On en reparle tout à l’heure, si tu veux bien, merci. LE COMTE Bonne appétit, les amoureux ! ROBERTO Voulez-vous bien la mettre en sourdine, Majesté. Mainte fois, vous ai-je dit qu’il ne se passe rien entre la chienne et moi. La presse people raconte des sottises. LE COMTE Aurais-je fait une gaffe, mon ami ? MISS MARYL Ce n’est pas la première, Monsieur le Comte. LE COMTE Ce ne sera sans doute pas la dernière non plus, ma chère et tendre Miss Maryl. MISS MARYL Pour cela, je vous fais confiance. HONORE BONCOEUR, allongé dans son hamac Tes Gnocchi sont fameux, Francesca ! LE COMTE Ils sont très appétissants ! Félicitations, ma chère ! SYLVESTRE Personne ne félicite l’éplucheur de pomme de terre ? FRANCESCA, applaudit Sylvestre Je rappelle que Monsieur Sylvestre a mis 3 jours pour éplucher 10 kilos de pommes terre. SYLVESTRE Parfaitement, ma petite dame ! ROBERTO Il n’était pas question de frites au menu ? FRANCESCA Tu n’apprécies pas mes Gnocchi, Roberto ? ROBERTO Bien sûr que oui, Francesca ! Seulement voilà, j’aime également les frites… MISS MARYL Décidément, Monsieur ne pourra jamais se passer de ses frites. ROBERTO Effectivement. J’adore les frites ! Où est le problème ? LA COLOMBE, surgit des airs au même moment transportant un panier sur son dos Il n’y a pas de problème, Monsieur ! En revanche, serait-il possible à une Colombe de partager ce délicieux repas en votre compagnie ? FRANCESCA Dieu du ciel ! D’où peut bien sortir ce curieux volatile ? HONORE BONCOEUR, allongé dans son hamac Une Colombe ! C’est bon signe ! LA COLOMBE, se pose sur le pont de la goélette Mes copines et moi avons traversées toute l’Afrique sans effectuer la moindre halte. AGATHE, dans le panier Ils attendent quoi pour dire oui ? J’ai une faim de loup ! LUNA BELLA, se rapproche de la Colombe Tu n’es pas toute seule, Colombe ? Qui est dans le panier ? DIVINE, dans le panier Tout à l’heure, j’ai cru entendre la voix de mon papa, Agathe ? AGATHE Je croyais que ton papa était de Kinshasa ? DIVINE, dans le panier Il arrive à mon Papa de quitter la République du Congo pour se rendre en vacances où bon lui semble. HONORE BONCOEUR, descend du hamac Serait-ce toi, ma petite Divine ? AGATHE Ton Papa t’a reconnu, Divine. Tu ne dis plus rien ? LA COLOMBE Ton Papa te pose une question, Divine ? AGATHE, sort du panier Divine est un petit peu timide, Papa Honoré… elle n’ose pas sortir du panier… elle a peur de se faire gronder… LA COLOMBE D’habitude, Mademoiselle est beaucoup plus affirmée. HONORE BONCOEUR Je suis tout à fait d’accord avec toi, Colombe. LA COLOMBE Mademoiselle Divine aurait-elle perdu sa langue ? Est-ce possible ? HONORE BONCOEUR Eh bien, ma fille, qu’attends-tu pour venir embrasser ton Papa ? DIVINE, dans le panier Tu ne diras pas à Maman Julie que tu m’as vu, n’est-ce pas ? HONORE BONCOEUR Toi non plus, tu ne diras rien à Maman ? DIVINE, dans le panier Maman ne sait pas que tu es là ? HONORE BONCOEUR A présent, nous sommes deux dans ce cas, ma fille. LA COLOMBE Tu attends quoi pour aller embrasser Papa Honoré, Divine ? DIVINE, bondit hors du panier et saute au cou de Papa Honoré pour l’embrasser Papa Honoré ! HONORE BONCOEUR, tient Honoré dans ses bras Puis-je savoir où ma petite fille comptait se rendre ainsi sur le dos d’une Colombe ? DIVINE Si tu savais, Papa Honoré, tous les voyages qu’on a fait ensemble. Trop cool ! HONORE BONCOEUR Tu vas me raconter tout ça, ma fille. Mais d’abord, tu vas dire bonjour à mes nouveaux amis. DIVINE Il est joli ce bateau ! HONORE BONCOEUR Il s’agit de la Salamandre, ma fille. MISS MARYL, s’approche de Divine Salue, Divine ! Est-ce exact que tu fais le tour du monde sur le dos de la Colombe pour récolter des poèmes ? DIVINE Tu es qui, Madame ? HONORE BONCOEUR, présente tour à tour ses amis Je te présente, Miss Maryl, ma chérie. Et le Monsieur qui est allongé sur le siège s’appelle Christophe Rodolphe David Miguel… LE COMTE, fait un signe de la main à Divine Mes hommages, Mademoiselle ! DIVINE, désigne Roberto du doigt Et lui ? C’est Roberto, j’en suis certaine ! J’ai vu l’affiche de son prochain spectacle collée sur tous les murs. ROBERTO Salue, Divine ! Tu as récolté beaucoup de poèmes durant ton voyage ? DIVINE De merveilleux poèmes ! Je vous en lirai quelques-uns tout à l’heure. Seulement si vous êtes cool ! LUNA BELLA, salue Divine Trop cool ! Salue,Baby ! Je suis Luna Bella,la partenaire de Roberto dans «Cadeau Surprise! » FRANCESCA, salue Divine Enchantée de faire ta connaissance, Divine ! Je suis Francesca, sa Maîtresse ! SYLVESTRE Comme toujours, l’éplucheur de pomme de terre compte pour du beurre ! HONORE BONCOEUR Je te présente Monsieur Sylvestre. ALESSANDRO PICOLINO, surgit avec la barre dans une main C’est méga cool !!! Mademoiselle Divine est dans les parages, les amis ! (Il s’approche de Divine et lui fait un bisou) J’ai un cadeau pour toi, Divine ! ça te branche la barre du navire ? FRANCESCA Que fais-tu encore avec cette barre dans les main, Alessandro ? ce n’est pas croyable ! ALESSANDRO PICOLINO On en a plus besoin, grand-mère, maintenant que la Salamandre avance toute seule. FRANCESCA Rends la immédiatement ! DIVINE, se saisit de la barre Non, elle est à moi maintenant ! HONORE BONCOEUR Ce n’est pas possible, ma fille ! On va retirer l’ancre dans quelques jours et repartir sur les flots. On va en avoir besoin, comprends-tu ? DIVINE Dommage ! MISS MARYL De toute façon, seuls les poèmes t’intéressent, n’est-ce pas, Divine ? ROBERTO D’ailleurs, nous sommes tout émerveillés, mes compagnons et moi, à l’idée d’entendre ton récit, petite princesse ! AGATHE, confortablement installée avec la Colombe dans le hamac, dégustant les Niocchi Vas-y, Divine, raconte ton histoire pendant que je déjeune avec la Colombe. Fameuses, vos Niocchi, Madame Francesca ! ALESSANDRO PICOLINO, grimpe sur le hamac Tu permets que je m’installe à coté de toi, ma belle Colombe. LA COLOMBE Tu t’appelles comment, petit ? ALESSANDRO PICOLINO Je suis Alessandro Picolino, petit fils de Francesca et de Francesco Bello. Mon grand-père doit d’ailleurs venir nous récupérer bientôt pour nous ramener à Milan dans notre maison. C’est bientôt la rentrée des classes. LA COLOMBE Tu veux ma fourchette, Picolino, pour manger les Niocchi ? ALESSANDRO PICOLINO Tu es Méga cool comme Colombe. Tu as le cœur sur la main, cela se voit bien. Alors, comme ça, tu voyages avec Divine… ce doit être amusant l’aventure dans les airs ? Moi aussi j’aimerais bien voyager dans les nuages… LE COMTE Eh bien, ma fille, qu’attendez-vous pour nous faire votre récit de voyage ? LA COLOMBE Pour ce faire, il vous faut un mot de passe, Messieurs dames ! Pas vrai, Divine ? DIVINE, tend le panier Je vous raconterai mon histoire à condition que vous m’offriez un poème ! HONORE BONCOEUR Voilà que ma fille nous fait son chantage ! FRANCESCA Justement, j’ai un poème pour toi, Divine. DIVINE Tu veux bien le déposer dans mon panier, s’il te plait. FRANCESCA Amitié ! En entrant dans le cercle de l'amitié, J'ai laissé à l'extérieur tout ce qui Nous sépare et j'ai conservé Soigneusement tout ce qui nous unit. Paix ! Paix ô toi importante pour moi ! Je voudrais tant que ce monde si grand Devienne pour un instant Comme le sourire d'un enfant, L’innocence de cette présence, L’inconscience. Peut-être que cette paix pourra un jour apparaître Mais ne restera-t-elle qu'un rêve? Où sera-t-elle un jour pour toujours ? Que les hommes essayent au moins de la faire naître Comme naît un enfant qui tout petit devient grand. Alors, ayons confiance dans le miracle de la vie ! Et toi, homme, souris ! Et tu verras… cela se fera ! Liberté ! Moi, je suis libre de : COURIR ! SAUTER ! CHANTER ! M'EXPRIMER ! COMPTEMPLER ! SOURIRE ! Mais combien d'hommes ne peuvent le faire ? Moi, je suis consciente du cadeau que mon pays M'a offert et quand je peux le faire... Je pense à eux... Comme j'ai de la chance et je le pense... Quand j'admire un ciel bleu, Un paysage merveilleux Quand je peux… Alors, oui ! Je pense vraiment à celui qui « LUI » ne le peut ! Un nuage de fumée envahit les lieux qu’il recouvre peu à peu… FIN DU PROLOGUE ------------------------------------- ACTE 1 / SCENE 1 MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, DES ENFANTS Le nuage se dissipe peu à peu. Nous sommes à présent dans une cour d’école… Mademoiselle Divine joue dans la cour d'école à l'heure de la récréation en compagnie de ses camarades de classes quand soudain, une magnifique colombe se pose non loin de là. LA COLOMBE, s'adresse au groupe d'enfants avec à sa tête Mademoiselle Divine Approchez-vous, les enfants, j'ai à vous parler d'urgence ! MADEMOISELLE DIVINE Qui es-tu ? LA COLOMBE Je suis une colombe, cela ne se voit pas, petite ? MADEMOISELLE DIVINE Je ne suis pas une petite ! Moi, je m'appelle Divine. Mon papa s'appelle Honoré et ma maman Julie. (Elle désigne du doigt ses copines) Elles, ce sont mes copines de classe. Et ici, tu es dans une cours d’école ! Les étrangers n’ont rien à faire ici. Qu'est-ce que tu nous veux ? Et puis d'abord, comment se fait-il que tu parles ? Un oiseau ne parle pas. LA COLOMBE Je ne suis pas tout à fait un oiseau comme les autres. MADEMOISELLE DIVINE Je ne te crois pas, Colombe ! LA COLOMBE C'est pourtant vrai, je t'assure. MADEMOISELLE DIVINE Dans ce cas, bats de l'ail, Colombe ! Allez, dépêche-toi ! Tout le monde te regarde ! LA COLOMBE Tu préfères l'ail droite ou l'ail gauche ? MADEMOISELLE DIVINE Fais comme tu voudras, Colombe ! Et surtout, dépêche-toi ! J'entends sonner la cloche, la récréation est terminée. Il faut que retourne en classe. J’ai un cours de poésie qui m’attend. Dépêche-toi, voyons ! LA COLOMBE, bat des ailes Tu me crois, maintenant ? MADEMOISELLE DIVINE Bof ! Bof ! La poule de mon voisin fait exactement la même chose que toi. Vraiment, je ne vois pas ce que tu as de si différent des autres oiseaux à plumes... Bon, d'accord, tu parles ! Et alors ? Cela ne prouve rien. Moi aussi, je parle. LA COLOMBE Je l'ai remarqué. MADEMOISELLE DIVINE Tu m'excuses, mon amie la Colombe, je dois absolument rentrer en classe. Sinon, je vais me faire gronder par ma maîtresse. LA COLOMBE Tu as déjà voyagé dans les airs, Divine ? MADEMOISELLE DIVINE Honoré, mon papa, m'a dit qu'un jour il me ferait faire un grand voyage en avion tout là-haut dans les nuages ! LA COLOMBE Je prie pour que ton vœu soit exaucé, Divine. MADEMOISELLE DIVINE C’est vraiment très cool de ta part ! LA COLOMBE Ton vœu, c’est un peu le mien aussi. MADEMOISELLE DIVINE Vraiment ? LA COLOMBE A propos, ton papa t’a dit où il comptait t’emmener exactement ? MADEMOISELLE DIVINE Je ne te le dirai pas. C’est un secret entre mon papa Honoré et moi. LA COLOMBE Dis-moi ton secret et je te dirai le mien ensuite ! MADEMOISELLE DIVINE Non ! Dis-moi d’abord le tien, et ensuite, je te dirai le mien. LA COLOMBE De toute façon, je sais où ton Papa veut t’emmener ? MADEMOISELLE DIVINE Tu ne trouveras jamais ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! MADEMOISELLE DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! MADEMOISELLE DIVINE Très bien. Dans ce cas là, si tu trouves mon secret, moi aussi je prierai pour que ton vœu soit exaucé. LA COLOMBE Ah ! Ah ! je vois que tu aimes jouer. DIVINE J’adore jouer. LA COLOMBE Très bien. DIVINE Je t’écoute. LA COLOMBE Tu as déjà vu la tour Effel ? MADEMOISELLE DIVINE Mon Papa m’a dit que la tour Effel se trouvait à Paris. LA COLOMBE Et ton papa t’a dit aussi que c’était le plus haut monument de Paris. MADEMOISELLE DIVINE Comment tu sais tout ça, Colombe ? LA COLOMBE Je te l’ai dit, je ne suis pas un oiseau comme les autres. MADEMOISELLE DIVINE Tu es une maligne, Colombe ! LA COLOMBE Pas autant que toi, Divine. MADEMOISELLE DIVINE Je te signale que tu n’as toujours pas deviné mon secret. LA COLOMBE Et pourtant, je ne suis pas loin du but. MADEMOISELLE DIVINE Trop tard ! Tu dois me livrer le tien à présent. LA COLOMBE Mais non, mais non ! MADEMOISELLE DIVINE Mais si, mais si ! LA COLOMBE Mais non, mais non ! MADEMOISELLE DIVINE Mais si, mais si ! LA COLOMBE Eh bien, j’ai trouvé ! MADEMOISELLE DIVINE Tu m’as juste parlé de la tour Effel. Et alors ? Cela ne prouve rien. LA COLOMBE Mais si, mais si ! MADEMOISELLE DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Ton papa veut t’emmener en France, c’est bien cela ? MADEMOISELLE DIVINE Tu as découvert mon secret. Ce n’est pas juste, mais alors pas juste du tout ! LA COLOMBE J’ai gagné ! MADEMOISELLE DIVINE Tu m’excuses, belle colombe, mais je dois absolument retourner en classe, j’ai un cours de poésie qui m’attend. LA COLOMBE Un instant, Divine. Où vas-tu ? Tu ne peux pas partir comme cela. Tu dois d’abord exaucer mon vœu. MADEMOISELLE DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! MADEMOISELLE DIVINE Et ensuite, tu me diras ton secret ? LA COLOMBE Promis ! MADEMOISELLE DIVINE Dans ce cas, allons-y ! C’est quoi ton vœu ? LA COLOMBE Tu apprends la poésie, c’est bien cela ? MADEMOISELLE DIVINE Je commence à peine. Bon. Abrège un peu ! LA COLOMBE J’aimerais que tu lises un poème avec moi à haute voix. Tu veux bien faire cela pour moi ? MADEMOISELLE DIVINE Tu sais bien que mes connaissances en poésie sont minimes. Je regrette, mais je n’ai jamais entendu parlé de ce poème. LA COLOMBE Pas de vœu, pas de secret ! MADEMOISELLE DIVINE Tu es compliqué, Colombe. Si c’est comme cela, je m’en vais. LA COLOMBE Je lance le premier couplet, et tu poursuis. On fait comme cela, Tu vas voir, c’est magique ! MADEMOISELLE DIVINE Dépêche-toi, voyons ! Dépêche-toi ! LA COLOMBE Sur mes cahiers d'écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable de neige J'écris ton nom La Colombe marque un léger temps d’arrêt MADEMOISELLE DIVINE J’ai comme l’impression que le cours de poésie a déjà commencé. LA COLOMBE Surtout, reste concentrée ! MADEMOISELLE DIVINE Ton poème est joli, en effet, mais je n’y arriverai pas. LA COLOMBE Je t’assure que tu peux le faire. Applique-toi ! MADEMOISELLE DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! MADEMOISELLE DIVINE Zut alors ! Que ne faut-il pas faire pour découvrir un secret ! LA COLOMBE Grimpe sur mon dos ! Tu trouveras beaucoup mieux l’inspiration en altitude ! MADEMOISELLE DIVINE Il n’est pas question que je fugue de l’école. Si jamais papa Honoré l’apprend, il va me priver de dessert pour le restant de l’année. LA COLOMBE Ne t’en fais pas, il est au courant. C’est d’ailleurs lui qui m’a donné la permission de t’enlever. Papa Honoré sait parfaitement que tu n’as rien à craindre avec la Colombe de la Liberté. MADEMOISELLE DIVINE Et dire que mon rêve était de voler. LA COLOMBE En voiture, s’il vous plait ! MADEMOISELLE DIVINE, grimpe sur le dos de la Colombe Seulement, je te préviens… on ne va pas trop loin. LA COLOMBE J’ai un secret à te livrer, Divine. MADEMOISELLE DIVINE Ce n’était pas trop tôt ! Je t’écoute, ma chère Colombe. LA COLOMBE Nous allons nous rendre ensemble dans les écoles pour y récolter des poèmes d’enfants. MADEMOISELLE DIVINE En voilà une drôle d’idée ! LA COLOMBE Cela te dirait-t-il de faire le tour du monde sur mon dos ? MADEMOISELLE DIVINE J’avais dit : pas trop loin ! LA COLOMBE Sur les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J'écris ton nom MADEMOISELLE DIVINE Sur les images dorées Sur les armes des guerriers Sur la couronne des rois J'écris ton nom LA COLOMBE Sur la jungle et le désert Sur les nids sur les genêts Sur l'écho de mon enfance J'écris ton nom (Première partie du poème de Paul Eluard – « Liberté ») Après quoi, Divine s’envole sur le dos de la Colombe… FIN DE LA SCENE 1 ----------------------------- ACTE 1 / SCENE 2 BAGAITA, APPOLINAIRE, LA COLOMBE, MADEMOISELLE DIVINE Divine est placé sur le dos de la Colombe avec qui elle plane dans les airs MADEMOISELLE DIVINE C’est génial, mon amie la Colombe ! Trop génial ! J’ai la tête dans les nuages ! Si Papa Honoré et maman Julie voyaient ça, il n’en croirait pas leurs yeux ! J’adore planer dans les airs ! LA COLOMBE On va bientôt atterrir, Divine. MADEMOISELLE DIVINE Déjà ! On vient à peine de décoller ! LA COLOMBE Je viens d’apercevoir Appolinaire qui hurle près du fleuve sacré ! MADEMOISELLE DIVINE C’est qui Appolinaire ? LA COLOMBE C’est est un garçon très cool ! Il se rend régulièrement au bord du fleuve Congo pour adresser des complaintes au ciel. MADEMOISELLE DIVINE En voilà une drôle d’idée ! Il ferait mieux d’apprendre ses leçons ! LA COLOMBE Ne t’en fais pas pour lui, Divine, Appolinaire est très doué. Il connaît ses leçons sur le bout de ses doigts. MADEMOISELLE DIVINE Hein ? Quoi ? Comment cela ? LA COLOMBE, s’apprête à atterrir au bord du fleuve Congo Tu verras bien, ma belle ! Bon, maintenant, accroche-toi à mon cou ! Je vais plonger dans le vide ! MADEMOISELLE DIVINE, se pend à son cou Fais attention ! On va s’écraser, Colombe ! LA COLOMBE Rassure-toi, Divine, j’ai des milliers d’heures de vol derrière moi. MADEMOISELLE DIVINE Je tiens trop à ma vie. LA COLOMBE Tu sais, chez moi, l’atterrissage, c’est comme le décollage, un jeu d’enfant ! Vois plutôt ! (La Colombe plonge dans le vide) MADEMOISELLE DIVINE Au secours ! LA COLOMBE, atterrit Et hop là ! Atterrissage en douceur ! MADEMOISELLE DIVINE, applaudit Bravo ! La colombe atterrit au bord du fleuve Congo à quelques pas de Appolinaire qui médite LA COLOMBE, lui pose le doigt sur la bouche Silence ! Tu vois bien qu’Appolinaire médite. APPOLINAIRE Lorsque l'enfant paraît le cercle de famille Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille Fait briller tous les yeux, Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être ? Se dérident soudain à voir l'enfant paraître, Innocent et joyeux. Enfant vous êtes l'aube et mon âme est la plaine Qui des plus douces fleurs embaume son haleine Qu'on ose pas toucher, Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire On rit, on se récrie, on l'appelle et sa mère Tremble à le voir marcher... Les yeux des enfants ont une douceur infinie, Et leur petites mains, joyeuses et bénies, Ignorent le mal encore ! Jamais, vos jeunes pas n'ont touché notre fange, A l'auréole d'or ! La nuit lorsque tout dort, quand l'esprit rêve, à l'heure Où l'on entend parfois une petite voix qui pleure, Sur des ailes d'azur, Sans le comprendre encore, vous explorez le monde. Double virginité : corps où rien n'est immonde, Ame où rien n'est impur ! Il est si beau l'enfant avec son doux sourire, Ses deux grands yeux ouverts qui ne savent pas mentir. Dans le mal triomphant : Préserve-moi Seigneur, d'été sans fleurs vermeilles, De cage sans oiseaux, de ruche sans abeilles, D'une Maison sans enfants ... Lorsque l'enfant paraît - (Victor Hugo) MADEMOISELLE DIVINE, s’approche de lui et lui tape sur l’épaule Bonjour, mon frère ! APPOLINAIRE Salut, petite sœur ! Moi, c’est Appolinaire ! MADEMOISELLE DIVINE Je m’appelle Divine. Et voici dame la Colombe. LA COLOMBE Bonjour, Monsieur Appolinaire ! APPOLINAIRE Je peux savoir ce que vous faites ici, tous les deux ? MADEMOISELLE DIVINE J’ai été désignée pour récolter des poèmes dans le monde entier. APPOLINAIRE C’est quoi cette blague ? LA COLOMBE Divine dit la vérité, mon frère ! MADEMOISELLE DIVINE Seulement voilà, je n’ai pas de panier pour les récolter. LA COLOMBE, fait apparaître un panier Il suffisait de le demander, Divine. MADEMOISELLE DIVINE Ouahou ! Comment tu fais ça ? LA COLOMBE N’oublie pas que j’ai plus d’un tour dans mon sac. MADEMOISELLE DIVINE Un jour où l’autre, il faudra que tu me donnes des cours de magie. LA COLOMBE Pas de problème ! MADEMOISELLE DIVINE C’est vrai ! Je vais devenir une magicienne ? LA COLOMBE Puisque je te le dis ! APPOLINAIRE Ce n’est pas que je m’ennuie, les amis, mais la nuit va bientôt tomber… il faut que je retourne au village. MADEMOISELLE DIVINE Tu me donnes/un poème avant de partir. APPOLINAIRE Trop tard, Mademoiselle Divine ! Je viens d’en lancer un dans le ciel ! (Il s’apprête à partir) Bonsoir ! MADEMOISELLE DIVINE, le retient par le bras Je ne peux pas quitter le fleuve Congo bredouille. De quoi vais-je avoir l’air, maintenant ? APPOLINAIRE Tu es tenace, petite sœur. LA COLOMBE Mademoiselle Divine sait ce qu’elle veut dans la vie. MADEMOISELLE DIVINE Exactement ! (Elle lui tend son panier) Allez ! Donne-moi un poème avant de partir ! Tu veux bien ? APPOLINAIRE, se saisit du panier Grâce à toi, Divine, je vais retrouver ma dignité. Je vais te livrer le plus beau de mes poèmes. Satisfaite ? MADEMOISELLE DIVINE, lui fait un gros bisou sur la joue C’est comme ça que je t’aime, mon frère ! APPOLINAIRE, chante en balançant lentement le panier Sur tous mes chiffons d'azur Sur l'étang soleil moisi Sur le lac lune vivante J'écris ton nom Sur les champs sur l'horizon Sur les ailes des oiseaux Et sur le moulin des ombres J'écris ton nom (Seconde partie du poème « Liberté » de Paul Eluard) BAGAITA, surgit au même moment prenant Appolinaire par le bras Enfants d'un jour, ô nouveaux nés, Petites bouches, petits nez, Petites lèvres demi-closes Membres tremblants, Si frais, si blancs, Si roses. Enfants d'un jour, ô nouveaux nés, Pour le bonheur que vous donnez A vous voir dormir dans vos langes Espoir des nids Soyez bénits ! Chers anges ! Pour vos grands yeux effarouchés Que sous vos draps blancs vous cachez, Pour vos sourires, vos pleurs même, Tout ce qu'en vous, Etres si doux, On aime ! Lorsque sur vos chauds oreillers, En souriant vous sommeillez, Près de vous tout bas, ô merveille ! Une voix dit : - Dors beau petit, Je veille. C'est la voix de l'ange gardien, Dormez, dormez, ne craignez rien, Rêvez, sous ses ailes de neige, Le beau jaloux Vous berce et vous Protège. Enfants d'un jour, ô nouveaux nés, Au Paradis, d'où vous venez. Un léger fil d'or vous rattache A ce fil d'or Tient l'âme, encor(e) Sans tache. Vous êtes à toute maison Ce que la fleur est au gazon, Ce qu'au ciel est l'étoile blanche Ce qu'un peu d'eau Est au roseau Qui penche. Mais vous avez de plus encor(e) Ce que n'a pas l'étoile d'or, Ce qui manque aux fleurs les plus belles : Bonheur pour nous Vous avez tous Des ailes. Les ailes des petits enfants - (Alphonse Daudet 1840-1897) Bagaita prend Appolinaire par le bras et l’entraîne avec lui. MADEMOISELLE DIVINE Là, c’est clair, je reste sans voix ! Appolinaire remet le panier à Divine et quitte les lieux avec Bagaita… Après quoi, Divine grimpe sur le dos de la Colombe et s’envole… FIN DE LA SCENE 2 ACTE 1 / SCENE 3 MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, FLORE, LE PRINCE CHARMANT,MELANIE, KAÏS Divine est placé sur le dos de la Colombe avec qui elle vole sans le ciel LA COLOMBE, chante « Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… » DIVINE Je me demande où sont passés les nuages ? LA COLOMBE Dans le pays que nous survolons, la pluie est rare en été. DIVINE Les nuages me manquent drôlement. J’aime bien y plonger ma tête. LE COLOMBE Hélas, par temps caniculaire, tu ne risques pas d’en voir beaucoup par ici. DIVINE Vivement qu’on change de pays ! LE COLOMBE Tu veux déjà quitter la France ? DIVINE Nous sommes en France ? Chouette : On va voir la tour Eiffel ! LE COLOMBE, chante « Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… » DIVINE J’ai soif, Colombe ! LE COLOMBE, chante « Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… » DIVINE Ohé ! Tu m’écoutes quand je parle ? LE COLOMBE Qui dit « canicule » dit « sécheresse » ! DIVINE Je ne veux pas mourir assoiffée ! LE COLOMBE Rassure-toi, Divine, on finira bien par trouver un point d’eau quelque part. DIVINE Mon Papa Honoré m’a dit qu’il y avait beaucoup de lacs et de rivières en France. LE COLOMBE Il est formellement interdit de boire l’eau des lacs et des rivières, Divine, pour cause d’intoxication. Tu n’es pas sans ignoré, ma chère, que les industries y ont déversé leurs déchets… que 80 pour cent des rivières sont polluées. Triste constat, je sais bien. DIVINE Je meurs de soif, Colombe ! LE COLOMBE La seule eau potable est celle qui coule du robinet. Une eau bien traitée. Il y a aussi les sources qui dorment dans des bouteilles en plastic. DIVINE Des sources qui… quoi ? LE COLOMBE De l’eau d’Evian ! DIVINE Connais pas ! LE COLOMBE Il y aussi l’eau de Contrexéville. DIVINE J’ai hâte de connaître cela ! LE COLOMBE J’aperçois un village à 2000 lieues plus bas. Accroche-toi à mon cou, je vais plonger dans le vide ! Quelques instants plus tard, la colombe atterrit dans un jardin. KAÏS, est assise sur le rebord de la fenêtre Peindre d'abord une cage avec une porte ouverte, Peindre ensuite quelque chose de joli, de simple et de beau, Placer ensuite la toile contre un arbre ou dans un jardin. Se cacher derrière l'arbre, silencieusement sans bouger... Le portrait d'un oiseau –Première partie - (Jacques Prévert 1903-1976) LA COLOMBE, interpelle Kaïs Hep ! Mademoiselle Kaïs ! Tu veux bien me passer une bouteille d’eau, s’il te plait ? Divine et moi mourrons de soif ! KAÏS Qu’est-ce que vous faites dans mon jardin ? Et puis, d’abord, je ne vous connaîs pas. LA COLOMBE Moi, je te connais. Mais dis-moi, pourquoi gémis-tu de la sorte sur le rebord de ta fenêtre ? KAÏS Parfois l'oiseau arrive vite, ou bien des années après, Ne pas se décourager : attendre. Si l'oiseau arrive, attendre que l'oiseau pénètre dans sa cage, fermer alors tout doucement la porte avec le pinceau, Puis effacer un à un tous les barreaux... Peindre ensuite le vert feuillage, la fraîcheur du vent, la poussière du soleil, le bruit des bêtes, de l'herbe dans la chaleur de l'été. Si l'oiseau chante c'est bon signe, vous pouvez alors signer le tableau en arrachant tout doucement une des plumes de l'oiseau et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau. Le portrait d'un oiseau – Seconde partie - (Jacques Prévert 1903-1976) LA COLOMBE Ah ! Je comprends mieux maintenant : tu es poétesse ! KAÏS Et après ? LA COLOMBE Cela tombe bien, Mademoiselle Divine a pour mission de récolter des poèmes dans le monde entier auprès des enfants et adolescents ? KAÏS Contente de l’apprendre. DIVINE C’est cool ! Tu vas pouvoir m’en donner un. KAÏS Et tu comptes en faire quoi ensuite ? DIVINE Le faire découvrir à tous les enfants de la Francophonie. KAÏS Mes poèmes n’intéressent personne. DIVINE Bien sûr que oui. LA COLOMBE Rends-toi compte, Kaïs, tu vas être connu dans le monde entier ! Tout le monde va savoir ce que tu as dans le cœur. DIVINE C’est génial, tu ne trouves pas ? KAÏS Et bien entendu, il faut payer pour participer à ce jeu. LA COLOMBE Absolument pas ! KAÏS Je ne te crois pas, Colombe. LA COLOMBE Je t’assure que c’est vrai, Kaïs. KAÏS Rien n’est gratuit de nos jours, Je ne te crois pas. DIVINE Tu as raison, Kaïs ! LA COLOMBE Tais-toi, Divine ! Ne raconte pas de bêtises ! C’est gratuit et plus que gratuit ! DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! DIVINE Mais non, mais non ! LA COLOMBE Mais si, mais si ! KAÏS Bon, faudrait savoir… je dois payer pour vous donner un poème, oui ou non ? DIVINE Nous récolterons ton poème à condition que tu me montres la source qui coule dans une bouteille en plastic. KAÏS C’est quoi ce délire ? LA COLOMBE Une bouteille d’Evian ! DIVINE J’ai soif ! KAÏS Mais d’où peuvent-ils bien sortir, ces deux assoiffés ? Vous arrivez du désert ? DIVINE Tu veux que les enfants découvrent ton poème, oui ou non ? Bon, dépêche-toi ! LA COLOMBE Cela suffit, Divine ! C’est quoi ces manières ? Depuis quand marchandes-tu ? Ce n’est pas ce qui était convenu entre nous, voyons ! DIVINE Mais si, mais si ! LA COLOMBE Mais non, mais non ! DIVINE Mais si, mais si ! LA COLOMBE Mais non, mais non ! KAÏS, siffle Bon, c’est d’accord ! J’accepte ! Tu l’auras ta bouteille d’eau ! DIVINE C’est super ! Je vais boire une bouteille d’Evian ! KAÏS Désolé, je n’ai pas d’Evian. En revanche, j’ai du contrex ! (Il lui montre une bouteille d’eau) Elle contient un litre d’eau. DIVINE Ce n’est pas ce que j’ai demandé. KAÏS Mais si, mais si ! DIVINE Mais non, mais non ! KAÏS Mais si, mais si ! LA COLOMBE Bon, abrégez les enfants ! J’ai soif ! DIVINE, place son panier sous la fenêtre Dépose la bouteille dans le panier, Kaïs ! KAÏS C’est toujours d’accord pour mon poème, les amis ? DIVINE Magne-toi, Kaïs ! Nous sommes sur le point de mourir de soif ! KAÏS Mais avant toute chose, je déclame mon poème. DIVINE Mais non, mais non ! KAÏS Mais si, mais si ! DIVINE Mais non, mais non ! KAÏS Mais si, mais si ! LA COLOMBE Accordé ! Divine se place sous la fenêtre le panier à la main KAÏS, déclame son poème à haute voix la bouteille à la main C'est un trou de verdure où chante une rivière Accrochant follement aux herbes des haillons D'argent ; où le soleil de la montagne fière, Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons. Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue, Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu, Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue, Pâle dans son lit vert où la lumière pleut. Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme Sourirait un enfant malade, il fait un somme : Nature, berce-le chaudement : il a froid. Les parfums ne font pas frissonner sa narine ; Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. Le dormeur du Val - (Arthur Rimbaud 1854-1891) Divine et la Combe applaudissent Kaïs dépose ensuite la bouteille d’eau dans le panier et quitte le rebord de la Fenêtre LA COLOMBE, se saisit de la bouteille A ta santé, Kaïs ! Divine et la Colombe s’abreuvent DIVINE Elle est drôlement bonne cette source de Contrex ! J’adore ! LA COLOMBE, lui retire la bouteille des mains Oui, ben… ce n’est pas une raison pour tout boire. Laisse s’en un peu. La route est encore longue ! (Elle dépose la bouteille dans le panier) MELANIE, rentre dans le jardin, accompagnée de Flore Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup Il enrichit ceux qui le reçoivent Sans appauvrir ceux qui le donnent Il ne dure qu'un instant Mais son souvenir est parfois éternel Personne n'est assez riche pour s'en passer Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter Il crée le bonheur au foyer Il est le signe sensible de l'amitié Un sourire donne du repos à l'être fatigué Rend du courage au plus découragé Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler Car c'est une chose qui n'a de valeur Qu'à partir du moment où il se donne Et si quelquefois vous rencontrez une personne Qui ne sait plus avoir le sourire Soyez généreuse, donnez-lui le vôtre Car nul n'a autant besoin d'un sourire Que celui qui ne peut en donner aux autres. FLORE Merci pour tes dix conseils, Mélanie ! MELANIE Tu es mon amie. DIVINE, accourt au devant des filles Vous arrivez à temps, les filles. La colombe et moi étions sur le point de nous envoler. Allez-y ! Déposez vos poèmes dans le panier ! FLORE Si tu es las et que la route te paraît longue Si tu t'aperçois que tu t'es trompé de chemin Ne te laisse pas couler au fil des jours et du temps Recommence... Si la vie te semble trop absurde Si tu es déçu par trop de choses et trop de gens Ne cherche pas à comprendre pourquoi Recommence... Si tu as essayé d'aimer et d'être utile Si tu as connu ta pauvreté et tes limites Ne laisse pas là une tâche à moitié faite Recommence... Si les autres te regardent avec reproche S'ils sont déçus par toi, irrités Ne te révolte pas, ne leur demande rien Recommence... Car l'arbre rebourgeonne en oubliant l'hiver Car le rameau fleurit sans demander pourquoi Car l'oiseau fait son nid sans songer à l'automne Car la vie est espoir et recommencement. Auteur non connu Tout le monde applaudit LE PRINCE CHARMANT, surgit Je t’ai dit de ne plus remettre les pieds ici, Flore ! Va-t-en ! MELANIE Pas question ! LE PRINCE CHARMANT De quoi je me mêle, Mélanie ? FLORE Mélanie est ma copine. Tu l’as laisse tranquille ! LE PRINCE CHARMANT Que viens-tu faire dans mon jardin, Flore ? Va-t-en ! FLORE J’attends tes explications. LE PRINCE CHARMANT Je n’ai rien à te dire. FLORE Tu n’es pas cool comme prince charmant. LE PRINCE CHARMANT Je fais ce que je peux. FLORE Réfléchis tout de même. LE PRINCE CHARMANT C’est tout vu ! Bon, très bien, c’est moi qui m’en vais ! Il s’apprête à partir MELANIE, retient le prince charmant par le bras Dis-moi quelque chose. LE PRINCE CHARMANT Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait éclose Sa robe de pourpre au soleil A point perdu cette vêprée Les plis de sa robe pourprée Et son teint au vôtre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place, Las, las ! ses beautés laissé choir ! O vraiment marâtre Nature Puisqu'une telle fleur ne dure Que du matin jusque au soir ! Donc si vous me croyez, mignonne, Tandis que votre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur la vieillesse Fera ternir votre beauté. La Rose (Pierre de Ronsard : 1524 - 1585) (Odes 1,17) FLORE, danse avec le prince charmant tout en déclamant son poème On ne peut me connaître Mieux que tu me connais Tes yeux dans lesquels nous dormons Tous les deux, Ont fait à mes lumières d'homme Un sort meilleur qu'aux nuits du monde. Tes yeux dans lesquels je voyage Ont donné aux gestes des routes Un sens détaché de la terre. Dans tes yeux ceux qui nous révèlent Notre solitude infinie Ne sont plus ce qu'ils croyaient être. On ne peut te connaître, mieux que je te connais. Elle est debout sur mes paupières Et ses cheveux sont dans les miens Elle a la forme de mes mains Elle a la couleur de mes yeux, Elle s'engloutit dans mon ombre Comme une pierre sur le ciel. Elle a toujours les yeux ouverts Et ne me laisse pas dormir, Ses rêves en pleine lumière Font s'évaporer les soleils... LES YEUX FERTILES - (Paul Eluard 1895-1952) Le prince charmant prend Flore par la main et quitte les lieux ; Mélanie s’en va de son coté… LA COLOMBE Mademoiselle Divine a-t-elle récolté suffisamment de poème pour aujourd’hui ? DIVINE Fabuleux ! Je suis rassasiée ! LA COLOMBE Et maintenant, si nous allions voir la tour Eiffel ? DIVINE, grimpe sur le dos de la Colombe C’est une bonne idée ! LA COLOMBE Décollage immédiat ! Divine et la Colombe s’envolent rapidement FIN DE LA SCENE 3 ----------------------------------------- ACTE 1 / SCENE 4 MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, AGATHE Le vent souffle… en soirée… LA COLOMBE, vol dans les airs avec Divine sur son dos Ces jours-ci, tu as fais une très belle récolte de poèmes, Divine. DIVINE, pendue au cou de la Colombe, le panier sous son bras Oui, oui. LA COLOMBE Tu n’es pas contente ? DIVINE Si, si… LA COLOMBE On ne dirait pas !? DIVINE Si, si… LA COLOMBE C’est tout ce que tu dis ? AGATHE, dans le panier Mademoiselle Divine a froid, Colombe ! DIVINE Je gèle ! Le vent souffle très fort, ce soir. Je ne porte qu’un sweet-shirt sur moi. LA COLOMBE Tu aurais pu prévoir un blouson pour te couvrir ? DIVINE A Kinshasa, il fait toujours chaud. Tu devrais le savoir, Colombe. Ce n’est pas comme dans les nuages. AGATHE, dans le panier J’ai de la chance d’être au chaud. DIVINE Ne te moque pas de moi, Colombe. LA COLOMBE Je n’ai rien dit. DIVINE N’en rajoute pas, s’il te plait. Je ne suis pas d’humeur, ce soir. AGATHE, dans le panier Tu ferais mieux de me rejoindre, si tu ne veux pas finir congelée. LA COLOMBE Et qui va voler à ma place ? AGATHE, dans le panier, pouffe de rire La Colombe sur le dos de Divine. Ce serait très amusant ! DIVINE, passe sa main dans le panier Ca y est, je te tiens ! AGATHE, dans le panier Lâche mes cheveux, Divine ! Tu me fais mal ! DIVINE Que fais-tu dans le panier ? Sors de là immédiatement ! Divine lui sort la tête du panier AGATHE, crie Fais attention ! Tu vas m’arracher les cheveux. DIVINE, lui secoue la tête Je t’ai posé une question : tu as 2 secondes pour répondre. Quand et comment t’es-tu introduite dans mon panier ? AGATHE, balbutie en parlant Je te croyais « cool », Divine. LA COLOMBE Qui est cette demoiselle, Divine ? Dis-lui qu’elle s’en aille. AGATHE Gardez-moi avec vous. DIVINE Mais tout d »abord, qui es-tu ? AGATHE Je m’appelle Agathe. Tu veux bien me lâcher les cheveux, maintenant ? Sois cool, Divine ! Je te promets que je ferai tout ce que tu voudras. Je te le jure, ma soeur ! LA COLOMBE Fais lui faire un vol plané, Divine. AGATHE Pas ça ! Pas ça ! Je t’en conjure, Divine ! Je serai sage comme une image. Tu as ma parole. DIVINE Ca souffle très fort, ce soir… tu ne trouves pas Agathe ? AGATHE, lui remet un pull-over J’ai tout prévu ! Tiens, je t’offre un pull-over DIVINE C’est vraiment cool de ta part ! AGATHE Dépêche-toi de l’enfiler, sinon tu vas prendre froid. C’est de la laine de mouton. DIVINE, enfile le pull-over Chouette ! J’adore compter les moutons la nuit ! LA COLOMBE Agathe est encore là, Divine ? AGATHE Oui, et même que je viens avec vous. DIVINE, lui tire les cheveux Un instant, ma belle ! Je ne t’ai jamais dit que tu restais. AGATHE Tu ne vas tout de même pas me balancer dans les airs. Je ne sais pas voler. Et puis, ce n’est pas bien du tout de tirer les cheveux. LA COLOMBE Silence ! Tu vas apprendre à voler. AGATHE Et moi qui croyais que Divine était une demoiselle pacifiste. LA COLOMBE Je suis gentil mais pas idiote. Je ne me rappelle pas t’avoir invité à planer avec moi dans les airs. AGATHE Je n’avais pas de toit et de famille, alors, j’ai vu un panier vide et je suis rentré dedans. DIVINE C’est vrai ce mensonge ? LA COLOMBE Ne l’écoute pas, Divine, elle nous fait tourner en bourrique. AGATHE C’est faux ! J’aime l’amitié par-dessus tout. J’aime partager avec mes amis. DIVINE Dans ce cas, prouve-le ! AGATHE Comment ? LA COLOMBE Si tu veux poursuivre l’aventure sur mon dos, il te faut un laisser passer. AGATHE Je regrette, je n’ai pas de passeport. DIVINE Si tu veux être libre, Agathe, il faut que tu nous offres un poème. AGATHE Je n’en ai pas. LA COLOMBE C’est la seule condition pour rester avec nous. DIVINE Tu n’as pas le choix. AGATHE Désolé, je n’ai rien à dire. DIVINE, lui tire l’oreille Une seconde… LA COLOMBE Changement de cap, Divine ! Je dois contourner le vent. Ne t’en fais pas, toutes les routes mènent à la tour Eiffel. AGATHE On va voir la tour Eiffel ? DIVINE Tout dépendra de toi. J’écoute ! AGATHE, déclame un poème La vie est une chance, saisis-la. La vie est beauté, admire-la. La vie est une béatitude, savoure-la. La vie est un défi, fais-lui face. La vie est un devoir, accomplis-le. La vie est précieuse, prends-en soin. La vie est une richesse, conserve-la. La vie est amour, jouis-en. La vie est un mystère, perce-le. La vie est promesse, remplis-la. La vie est tristesse, surmonte-la. La vie est un hymne, chante-le. La vie est un combat, accepte-le. La vie est une tragédie, assume-la. La vie est une aventure, ose-la. La vie est un bonheur, mérite-le. La vie est la vie, défends-la. Mère Teresa LA COLOMBE Bravo, Agathe ! Maintenant, tu fais partie des nôtres. Un conseil, ma grande : ne prend pas trop de poids au cours du voyage ! AGATHE Et pourquoi cela ? LA COLOMBE Deux passagères sur les épaules, c’est déjà suffisamment lourd comme ça. AGATHE Ne t’en fais pas, colombe, je soigne ma ligne ! Je ne mange que des feuilles de salade. Je ne te coûterai pas cher ! DIVINE Tu te moques de nous ? AGATHE Pas du tout ! Quand je serai plus grande, j’ai l’intention de devenir mannequin. La Colombe disparaît dans un nuage avec Divine et Agathe sur son dos, FIN DE LA SCENE 4 -------------------------------- ACTE 1 / SCENE 5 DIVINE, LA COLOMBE, AGATHE, ZIAD, LA MAMAN DE ZIAD Quelques temps plus tard… La Colombe sort du nuage et vole en basse altitude avec Mademoiselle Divine et Agathe sur son dos DIVINE A présent, où sommes-nous, ma jolie Colombe ? LA COLOMBE, qui vole en basse altitude A vrai dire, je l’ignore, Divine !? AGATHE, dans le panier Quoiqu’il en soit, nous ne sommes pas à Paris, Divine. Je n’aperçois pas la tour Eiffel. DIVINE Je me demande si on la verra un jour la tour Eiffel !? AGATHE Garde toujours en toi une positive vibration, ma sœur. DIVINE Je ne fais que cela, Agathe ! Je t’en supplie, ne dis plus un mot ! C’est suffisamment stressant comme ça, tu ne crois pas, ma sœur ? LA COLOMBE Attention ! Il y a un mur juste en face de nous ! Je ne vais pas pouvoir l’éviter. Bouchez-vous les yeux, les filles ! DIVINE Que se passe-t-il encore ? AGATHE, se cache dans le panier Mon Dieu ! Qu’il est grand ce mur ! LA COLOMBE, s’écrase le nez contre le mur Trop tard ! Quelques instant plus tard, Divine, Agathe et la Colombe sont allongées sur le sol, abasourdies, au pied d’un mur qui sépare en deux une maison… LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Ziad ! Ziad ! Réveille-toi, mon, fils ! ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Je suis fatigué, Maman ! Laisse-moi dormir, s’il te plait ! LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Je crois bien que quelqu’un s’est écrasé contre le mur qui donne de ton coté !? Tu veux bien vérifier, mon fils, merci. De mon coté, tu sais bien que je ne vois rien du tout. ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci J’ai passé une nuit blanche, Maman… j’ai sommeil… LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur La nuit, c’est fait pour dormir, Ziad mon fils ! ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Cette nuit, j’ai dû apprendre correctement mes leçons. Alors, tu comprends, il faut que je me repose un peu, maman… tu sais bien que cet après-midi je passe mon examen pour devenir professeur de français. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Excuse-moi, mon fils, je ne m’en souvenais plus. D’ailleurs, depuis qu’il y a ce mur, je ne suis plus vraiment au courant de ce qui se passe de l’autre coté de la frontière. ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Je comprends cela parfaitement, Maman. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Il y a si longtemps que je n’ai plus revu ton visage, mon fils. ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Que cela te rassure, maman, je n’ai pas beaucoup changé. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Dis-moi, mon fils, tu portes toujours le pantalon que je t’ai offert l’été dernier ? ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Non, Maman. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Tu attends la prochaine lune pour porter ton pantalon sur toi ? ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci J’attends que tu me le renvoies par-dessus le mur, chère et tendre maman. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Effectivement, mon fils. Je l’ai justement lavé hier soir. ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci Cet après-midi, je souhaiterais le porter sur moi pour passer mon examen de français. LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Ton pantalon sèche à présent dans le jardin. Je vais quant même aller vérifier. De ton coté, vas voir qui s’est écrasé contre le mur. ZIAD, sort de la maison qui donne de ce coté-ci C’est ce que je m’apprête à faire, Maman. LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur Et tu vois quelque chose, mon fils ? ZIAD, se dirige vers nos amis qui sont au sol abasourdis J’aperçois 2 petites filles et une Colombe allongées sur le sol au pied du mur LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur Et que font-elles exactement ? ZIAD, placé à coté de nos amis Elles ont été secouées par le choc, Maman. Je te rassure, elles sont vivantes ! AGATHE Nous sommes simplement KO, Madame ! ZIAD L’une des petites filles dit qu’elle est simplement K.O, Maman. LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur J’ai entendu, Ziad, je ne suis pas sourde ! AGATHE, tend la main à Ziad S’il vous plait, Monsieur, aidez-moi à me relever ! LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur Aide-la à se relever, mon fils ! ZIAD, aide Agathe à se relever C’est ce que je fais, Maman. DIVINE, lui tend sa main Moi aussi, Monsieur… ZIAD Je m’appelle Ziad, Mesdemoiselles. DIVINE, lui sert la main Je m’appelle Divine et ma copine s’appelle Agathe. ZIAD Je vous souhaite la bienvenue à la frontière ! Ma maman habite de l’autre coté du grand mur qui nous sépare. Je reviens ; Vous m’excuserez. (Il rentre dans la maison) LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur Pauvre petite ! J’espère qu’elles ne se sont pas fait mal !? DIVINE C’est surtout la Colombe qui a eu mal, Madame ! AGATHE Elle a percutée de plein fouet le grand mur. DIVINE Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé de grave. LA COLOMBE, se relève Que cela vous rassure, Mesdemoiselles, je suis saine et sauve ! J’ai juste quelques égratignures. Mon bec a un peu morflé. (Puis elle bat des ailes) Pour ce qui est des ailes, comme vous pouvez voir, celles-ci sont intactes. AGATHE Es-tu prêtes à décoller, Colombe ? LA COLOMBE Tout doux, tout doux ! Tu permets que je reprenne mes esprits, Agathe ? LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur Je présume que vous n’avez rien dans le ventre, les enfants ? Dans ce cas, je vais vous préparer des galettes. LA COLOMBE, qui bat de l’aile C’est très gentil à vous, Madame. LA MAMAN DE ZIAD Quant à toi, Ziad, tu veux bien leur servir une tasse de thé. ZIAD, sort de la maison, un plateau en main sur lequel repose une théière et des tasses C’est ce que je m’apprête à faire, Maman. Je vous invite à prendre une tasse de thé à la menthe, Mesdemoiselles. DIVINE C’est cool ! ZIAD, sert le thé à chacune dans une tasse Peut-on savoir ce que vous venez faire dans les parages, Mesdemoiselles ? AGATHE La Colombe est sensée nous transporter sur son dos jusqu’à Paris pour voir la tour Eiffel. LA COLOMBE C’est comme si nous y étions, les filles ! DIVINE, la tasse de thé en main En face de moi, je ne vois qu’un grand mur pour le moment. LA COLOMBE Tu es fâchée, Divine, c’est bien cela ?... je suis désolée, le ciel était nuageux… tu comprends… DIVINE, boit le thé Je sais cela parfaitement. LA COLOMBE Je n’avais pas le choix… il m’a fallu rebrousser chemin… DIVINE Nous partons dans combien de temps ? LA COLOMBE D’abord, on mange les galettes de la maman de Ziad, et ensuite, nous repartons de plus belle ! Tu as ma parole, Divine ! DIVINE Je veux partir maintenant ! AGATHE Eh bien moi, je reste ici pour manger les galettes. DIVINE, dépose sa tasse sur le plateau Pas question ! Tu décolles avec nous, Agathe. AGATHE Je fais ce que je veux. DIVINE, grimpe sur le dos de la Colombe Très bien. Je pars sans toi. Allons-y, Colombe ! ZIAD, qui tient dans ses mains le panier de Divine contenant les poèmes Un instant, Divine ! Tu oublies quelque chose. A ce moment-là, on aperçoit une corde au bout laquelle est accroché un panier rempli de galette LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur Vous ne pouvez pas partir sans avoir goutté à mes galettes, les filles ! AGATHE La Maman de Ziad a raison. Nous devons faire honneur à ses galettes ! LA COLOMBE On mange les galettes et on part ensuite, Divine. Tu as ma parole. DIVINE, se frotte les mains Tout compte fait, moi aussi j’adore les galettes ! LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur J’en étais sûre, ma fille ! Allez-y, les enfants, régalez-vous ! Divine se dirige vers le panier rempli de galette, suivie d’Agathe et de la colombe. Tous trois dévorent les galettes. Peu après… LA COLOMBE Et maintenant que nous avons le ventre plein de galettes, les filles, nous pouvons décoller ! DIVINE et AGATHE, grimpent sur le dos de la colombe En voiture, s’il vous plait ! LA COLOMBE Direction Paris la tour Eiffel ! Accrochez vos ceintures les filles ! DIVINE Au revoir, Maman Ziad ! AGATHE Mille et un mercis pour les galettes ! ZIAD, qui tient toujours dans ses mains le panier de Divine contenant les poèmes Un instant, Divine, tu n’oublies rien ? Tu ne vas tout de même pas partir sans ton panier à poèmes ? DIVINE Que suis gourde ! J’ai oublié le panier ! ZIAD Mais avant de te le remettre, me permets-tu d’y déposer un poème ? LA MAMAN DE ZIAD, placée derrière le mur S’agit-il du poème que tu as rédigé toute la nuit pour ton examen de français, Ziad ? ZIAD C’est exactement cela, Maman ! LA MAMAN DE ZIAD Eh bien, mon fils, tu attends quoi pour le déposer dans le panier de Divine. Le monde entier souhaite le découvrir. ZIAD C’est justement ce que je m’apprêtais à faire, Maman. DIVINE, AGATHE et LA COLOMBE, encourage Ziad Hip, Hip, Hip pour Ziad ! Hourra ! Hourra ! ZIAD MADEMOISELLE DIVINE Sur chaque bouffées d'aurore Sur la mer sur les bateaux Sur la montagne démente J'écris ton nom LA COLOMBE Sur la mousse des nuages Sur les sueurs de l'orages Sur la pluie épaisse et fade J'écris ton nom Liberté (Troisième partie du poème « Liberté » de paul Eluard) Ziad remet le panier à Divine LA COLOMBE Que Dieu vous protège ! Après quoi, la Colombe décolle avec Divine et Agathe sur son dos… A suivre… FIN DE LA SCENE 5 FIN DE L’EPISODE