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Divine et la Colombe - Pièce de théâtre
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5ième épisode de L'ODYSSEE DE LA SALAMANDRE

 
 
 
Amicalement et Fraternellement, Emilien Casali (Auteur) 
casali.emilien@wanadoo.fr 
 
 
 
 
 
 
 
Découvrez Les dessins des élèves ci-dessous 
 
Ginel Ostafe - Elève de Lucica Ion - Roumanie 
Andreea Rotaru - Elève de Lucica Ion - Roumanie 
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Teodora Dumitru - Elèves de Georgeta manea  
Liviu Boloiu - Elèves de Georgeta manea  
 
 
Marius Oprea - Elève de Manuela Buciuman 
 
 
Prince - Elève de Akissita Alouatchou  
 
Elèves de Mustapha Kdid de l'école Bnihlil de Khénifra - Maroc 
 
 
Bogdan Armanu - Elève de Carmen Corlateanu 
Irina Mihut - Elève de Carmen Corlateanu 
Roxana Mihalcut - élève de Carmen Corlateanu 
 
 
 
 
 
 
 
TITRE « L’ODYSSEE DE LA SALAMANDRE » 
 
dans :  
 
« Divine et la Colombe » 
5ième épisode 
 
 
 
ROBERTO 
MISS MARYL 
LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS 
SYLVESTRE (L’ex facteur) 
FRANCESCA 
LUNA BELLA 
ALESSANDRO PICOLINO 
HONORE BONCOEUR 
MADEMOISELLE DIVINE 
LA COLOMBE  
AGATHE 
APPOLINAIRE 
BAGAITA 
KAÏS 
MELANIE 
FLORE 
LE PRINCE CHARMANT 
ZIAD 
LA MAMAN DE ZIAD 
 
PROTECTION SACD N°187998 
 
 
GENRE : Comédie Fantastique 
 
AUTEUR : Emilien Casali  
 
Lieu : L’action débute à bord de la Salamandre, magnifique goélette…  
 
casali.emilien@wanadoo.fr 
 
http:// compballadins.populus.ch/ - http://biblioscolaire.populus.ch/ 
 
 
 
 
 
 
PROLOGUE 
 
ROBERTO, MISS MARYL, LE COMTE DE LA BOUCHE-EN-BIAIS, ALESSANDRO PICOLINO, SYLVESTRE (L’ex facteur), FRANCESCA, LUNA BELLA, HONORE BONCOEUR, MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, AGATHE 
 
 
 
L’action débute sur le pont de la Salamandre, magnifique goélette de 3 mâts ancrée sur les côtes marocaines… 
 
En soirée… 
 
Roberto et Luna Bella donnent un cours extrait du final de la pièce CADEAU SURPRISE devant un public composé de 5 personnes qui, pendant ce temps-là, dévore des Gnocchi dans une assiette : Miss Maryl, Monsieur le Comte, Sylvestre est Francesca sont allongés sur des chaises longues ; Honoré Boncoeur est allongé sur son hamac. 
 
LUNA BELLA 
Sur l’autoroute de la peur pas le moindre bruit. 
En cours de route le poids lourd un arrêt fit 
Sur le parking silencieux recouvert d’un ciel gris. 
 
ROBERTO 
Dans un petit coin était le chiot tout rabougri.  
 
LUNA BELLA 
Le chauffeur vérifia dans le coffre sa marchandise,  
S’approcha de la cage où logeait mon jeune ami. 
Effrayé et recroquevillé sur lui-même était-il.  
 
ROBERTO 
Enchaîné, affamé, assoiffé, il était très affaibli. 
 
 
 
 
LUNA BELLA 
Le chiot pensait : « de moi que va-t-il advenir ? » 
En son fort intérieur l’inquiétude avait grandi. 
Le ravisseur comptait-il se débarrasser de sa marchandise ? 
 
ROBERTO 
Le pauvre petit chiot fut battu à mord sans merci !  
 
LUNA BELLA, sort de l’aquarium  
Peu après son crime, le chauffeur gagna la grande ville,  
Déposa le malheureux chiot abattu dans la garderie. 
Avant de s’enfuir, il empocha au passage la mise à prix. 
 
 
 
ROBERTO 
Certes, aujourd’hui, mon vieil ami le chien est libre !  
 
LUNA BELLA, prend Roberto par le bras 
En effet, peu de temps après, un maître le recueillit  
Dans un état des plus lamentable et tout rabougri.  
L’animal fit une cure et goûta aux joies de la vie. 
 
ROBERTO 
A jamais, l’esprit du chien fut marqué par le crime. 
 
 
 
 
LUNA BELLA 
Si jamais un jour vous croisez un chien, les amis, 
Accompagnant son maître, l’air honteux et malhabile,  
Ne lui jetez surtout pas de pierre, faites-lui un sourire ! 
 
ROBERTO 
Donnez-lui simplement une caresse, ce peut-être lui ?! 
 
LUNA BELLA 
Pareil sort, d’autres chiots en sont victime aujourd’hui. 
Heureux, auprès de vous, dès lors ils devront se sentir. 
Sachez que fidèle et loyaux sont les animaux de compagnie !  
J’y pense, Roberto, comment allons-nous faire à la fin du show pour disparaître de la scène instantanément ? 
 
 
 
ROBERTO 
Deux secondes, Luna Bella, je n’ai pas tout à fait terminé. 
 
LUNA BELLA 
Il faut tout de même en parler, tu ne crois pas ?  
 
ROBERTO 
Nous n’en sommes pas encore là ? On verra bien ? 
 
LUNA BELLA 
Et pourtant, c’est un détail qui a toute son importance. On va faire comment pour se téléporter ?  
 
ROBERTO 
Tu verras bien. 
 
FRANCESCA 
La répétition est terminée, les enfants ? Dans ce cas, venez manger vos Niocchi !  
 
ROBERTO, s’adresse à Luna Bella 
Allons manger les Gnocchi, ils vont refroidir.  
 
LUNA BELLA 
Tu n’as pas répondu à ma question, Roberto ? 
 
ROBERTO 
On en reparle tout à l’heure, si tu veux bien, merci. 
 
LE COMTE 
Bonne appétit, les amoureux !  
 
ROBERTO 
Voulez-vous bien la mettre en sourdine, Majesté. Mainte fois, vous ai-je dit qu’il ne se passe rien entre la chienne et moi. La presse people raconte des sottises. 
 
LE COMTE 
Aurais-je fait une gaffe, mon ami ?  
 
MISS MARYL 
Ce n’est pas la première, Monsieur le Comte.  
 
LE COMTE 
Ce ne sera sans doute pas la dernière non plus, ma chère et tendre Miss Maryl.  
 
MISS MARYL 
Pour cela, je vous fais confiance. 
 
HONORE BONCOEUR, allongé dans son hamac 
Tes Gnocchi sont fameux, Francesca !  
 
LE COMTE 
Ils sont très appétissants ! Félicitations, ma chère !  
 
SYLVESTRE 
Personne ne félicite l’éplucheur de pomme de terre ? 
 
FRANCESCA, applaudit Sylvestre 
Je rappelle que Monsieur Sylvestre a mis 3 jours pour éplucher 10 kilos de pommes terre.  
 
SYLVESTRE 
Parfaitement, ma petite dame !  
 
ROBERTO 
Il n’était pas question de frites au menu ?  
 
FRANCESCA 
Tu n’apprécies pas mes Gnocchi, Roberto ?  
 
ROBERTO 
Bien sûr que oui, Francesca ! Seulement voilà, j’aime également les frites…  
 
MISS MARYL 
Décidément, Monsieur ne pourra jamais se passer de ses frites.  
 
ROBERTO 
Effectivement. J’adore les frites ! Où est le problème ? 
 
LA COLOMBE, surgit des airs au même moment transportant un panier sur son dos 
Il n’y a pas de problème, Monsieur ! En revanche, serait-il possible à une Colombe de partager ce délicieux repas en votre compagnie ?  
 
 
 
FRANCESCA 
Dieu du ciel ! D’où peut bien sortir ce curieux volatile ?  
 
HONORE BONCOEUR, allongé dans son hamac 
Une Colombe ! C’est bon signe !  
 
LA COLOMBE, se pose sur le pont de la goélette 
Mes copines et moi avons traversées toute l’Afrique sans effectuer la moindre halte.  
 
AGATHE, dans le panier 
Ils attendent quoi pour dire oui ? J’ai une faim de loup !  
 
LUNA BELLA, se rapproche de la Colombe 
Tu n’es pas toute seule, Colombe ? Qui est dans le panier ? 
 
DIVINE, dans le panier 
Tout à l’heure, j’ai cru entendre la voix de mon papa, Agathe ?  
 
AGATHE 
Je croyais que ton papa était de Kinshasa ?  
 
DIVINE, dans le panier 
Il arrive à mon Papa de quitter la République du Congo pour se rendre en vacances où bon lui semble.  
 
HONORE BONCOEUR, descend du hamac 
Serait-ce toi, ma petite Divine ?  
 
AGATHE 
Ton Papa t’a reconnu, Divine. Tu ne dis plus rien ?  
 
LA COLOMBE 
Ton Papa te pose une question, Divine ?  
 
AGATHE, sort du panier  
Divine est un petit peu timide, Papa Honoré… elle n’ose pas sortir du panier…  
elle a peur de se faire gronder…  
 
LA COLOMBE 
D’habitude, Mademoiselle est beaucoup plus affirmée.  
 
HONORE BONCOEUR 
Je suis tout à fait d’accord avec toi, Colombe.  
 
LA COLOMBE 
Mademoiselle Divine aurait-elle perdu sa langue ? Est-ce possible ?  
 
HONORE BONCOEUR 
Eh bien, ma fille, qu’attends-tu pour venir embrasser ton Papa ?  
 
DIVINE, dans le panier 
Tu ne diras pas à Maman Julie que tu m’as vu, n’est-ce pas ?  
 
HONORE BONCOEUR 
Toi non plus, tu ne diras rien à Maman ?  
 
DIVINE, dans le panier 
Maman ne sait pas que tu es là ? 
 
HONORE BONCOEUR 
A présent, nous sommes deux dans ce cas, ma fille.  
 
 
 
LA COLOMBE 
Tu attends quoi pour aller embrasser Papa Honoré, Divine ?  
 
 
DIVINE, bondit hors du panier et saute au cou de Papa Honoré pour l’embrasser 
Papa Honoré !  
 
HONORE BONCOEUR, tient Honoré dans ses bras 
Puis-je savoir où ma petite fille comptait se rendre ainsi sur le dos d’une  
Colombe ?  
 
DIVINE 
Si tu savais, Papa Honoré, tous les voyages qu’on a fait ensemble. Trop cool !  
 
HONORE BONCOEUR 
Tu vas me raconter tout ça, ma fille. Mais d’abord, tu vas dire bonjour à mes nouveaux amis. 
 
DIVINE 
Il est joli ce bateau !  
 
HONORE BONCOEUR 
Il s’agit de la Salamandre, ma fille. 
 
MISS MARYL, s’approche de Divine 
Salue, Divine ! Est-ce exact que tu fais le tour du monde sur le dos de la Colombe  
pour récolter des poèmes ?  
 
DIVINE 
Tu es qui, Madame ?  
 
HONORE BONCOEUR, présente tour à tour ses amis 
Je te présente, Miss Maryl, ma chérie. Et le Monsieur qui est allongé sur le siège  
s’appelle Christophe Rodolphe David Miguel… 
 
LE COMTE, fait un signe de la main à Divine 
Mes hommages, Mademoiselle !  
 
DIVINE, désigne Roberto du doigt 
Et lui ? C’est Roberto, j’en suis certaine ! J’ai vu l’affiche de son prochain spectacle collée sur  
tous les murs.  
 
ROBERTO 
Salue, Divine ! Tu as récolté beaucoup de poèmes durant ton voyage ?  
 
DIVINE 
De merveilleux poèmes ! Je vous en lirai quelques-uns tout à l’heure. Seulement si vous êtes  
cool !  
 
LUNA BELLA, salue Divine 
Trop cool ! Salue,Baby ! Je suis Luna Bella,la partenaire de Roberto dans «Cadeau Surprise! »  
 
FRANCESCA, salue Divine 
Enchantée de faire ta connaissance, Divine ! Je suis Francesca, sa Maîtresse !  
 
SYLVESTRE 
Comme toujours, l’éplucheur de pomme de terre compte pour du beurre !  
 
HONORE BONCOEUR  
Je te présente Monsieur Sylvestre. 
 
ALESSANDRO PICOLINO, surgit avec la barre dans une main 
C’est méga cool !!! Mademoiselle Divine est dans les parages, les amis ! (Il s’approche de Divine et lui fait un bisou) J’ai un cadeau pour toi, Divine ! ça te branche la barre du navire ?  
 
FRANCESCA 
Que fais-tu encore avec cette barre dans les main, Alessandro ? ce n’est pas croyable !  
 
ALESSANDRO PICOLINO 
On en a plus besoin, grand-mère, maintenant que la Salamandre avance toute seule.  
 
FRANCESCA 
Rends la immédiatement !  
 
DIVINE, se saisit de la barre 
Non, elle est à moi maintenant !  
 
HONORE BONCOEUR 
Ce n’est pas possible, ma fille ! On va retirer l’ancre dans quelques jours et repartir sur les flots. On va en avoir besoin, comprends-tu ?  
 
DIVINE 
Dommage !  
 
MISS MARYL 
De toute façon, seuls les poèmes t’intéressent, n’est-ce pas, Divine ?  
 
ROBERTO 
D’ailleurs, nous sommes tout émerveillés, mes compagnons et moi, à l’idée d’entendre ton récit, petite princesse !  
 
AGATHE, confortablement installée avec la Colombe dans le hamac, dégustant les Niocchi 
Vas-y, Divine, raconte ton histoire pendant que je déjeune avec la Colombe. Fameuses, vos  
Niocchi, Madame Francesca !  
 
ALESSANDRO PICOLINO, grimpe sur le hamac 
Tu permets que je m’installe à coté de toi, ma belle Colombe.  
 
LA COLOMBE 
Tu t’appelles comment, petit ?  
 
ALESSANDRO PICOLINO 
Je suis Alessandro Picolino, petit fils de Francesca et de Francesco Bello. Mon grand-père doit d’ailleurs venir nous récupérer bientôt pour nous ramener à Milan dans notre maison. C’est bientôt la rentrée des classes.  
 
LA COLOMBE 
Tu veux ma fourchette, Picolino, pour manger les Niocchi ?  
 
ALESSANDRO PICOLINO 
Tu es Méga cool comme Colombe. Tu as le cœur sur la main, cela se voit bien. Alors, comme ça, tu voyages avec Divine… ce doit être amusant l’aventure dans les airs ? Moi aussi  
j’aimerais bien voyager dans les nuages… 
 
LE COMTE 
Eh bien, ma fille, qu’attendez-vous pour nous faire votre récit de voyage ?  
 
LA COLOMBE 
Pour ce faire, il vous faut un mot de passe, Messieurs dames ! Pas vrai, Divine ?  
 
DIVINE, tend le panier 
Je vous raconterai mon histoire à condition que vous m’offriez un poème ! 
 
HONORE BONCOEUR 
Voilà que ma fille nous fait son chantage !  
 
FRANCESCA 
Justement, j’ai un poème pour toi, Divine.  
 
DIVINE 
Tu veux bien le déposer dans mon panier, s’il te plait.  
 
FRANCESCA  
Amitié !  
En entrant dans le cercle de l'amitié, 
J'ai laissé à l'extérieur tout ce qui  
Nous sépare et j'ai conservé  
Soigneusement tout ce qui nous unit. 
Paix ! 
Paix ô toi importante pour moi ! 
Je voudrais tant que ce monde si grand 
Devienne pour un instant  
Comme le sourire d'un enfant,  
L’innocence de cette présence,  
L’inconscience.  
Peut-être que cette paix pourra un jour apparaître  
Mais ne restera-t-elle qu'un rêve? 
Où sera-t-elle un jour pour toujours ? 
Que les hommes essayent au moins de la faire naître  
Comme naît un enfant qui tout petit devient grand. 
Alors, ayons confiance dans le miracle de la vie ! 
Et toi, homme, souris ! Et tu verras… cela se fera ! 
Liberté !  
 
Moi, je suis libre de : 
 
COURIR !  
SAUTER ! 
CHANTER ! 
M'EXPRIMER ! 
COMPTEMPLER ! 
SOURIRE ! 
Mais combien d'hommes ne peuvent le faire ? 
Moi, je suis consciente du cadeau que mon pays 
M'a offert et quand je peux le faire... 
Je pense à eux... 
Comme j'ai de la chance et je le pense... 
Quand j'admire un ciel bleu,  
Un paysage merveilleux 
Quand je peux… 
Alors, oui !  
Je pense vraiment à celui qui « LUI » ne le peut ! 
 
Un nuage de fumée envahit les lieux qu’il recouvre peu à peu… 
 
FIN DU PROLOGUE 
 
------------------------------------- 
 
ACTE 1 / SCENE 1 
 
MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, DES ENFANTS 
 
 
 
Le nuage se dissipe peu à peu. Nous sommes à présent dans une cour d’école…  
 
Mademoiselle Divine joue dans la cour d'école à l'heure de la récréation en compagnie de ses camarades de classes quand soudain, une magnifique colombe se pose non loin de là. 
 
 
 
LA COLOMBE, s'adresse au groupe d'enfants avec à sa tête Mademoiselle Divine  
Approchez-vous, les enfants, j'ai à vous parler d'urgence !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Qui es-tu ?  
 
LA COLOMBE  
Je suis une colombe, cela ne se voit pas, petite ?  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Je ne suis pas une petite ! Moi, je m'appelle Divine. Mon papa s'appelle Honoré et ma maman Julie. (Elle désigne du doigt ses copines) Elles, ce sont mes copines de classe. Et ici, tu es dans une cours d’école ! Les étrangers n’ont rien à faire ici. Qu'est-ce que tu nous veux ? Et puis d'abord, comment se fait-il que tu parles ? Un oiseau ne parle pas.  
 
 
 
LA COLOMBE  
Je ne suis pas tout à fait un oiseau comme les autres.  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Je ne te crois pas, Colombe !  
 
LA COLOMBE  
C'est pourtant vrai, je t'assure.  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Dans ce cas, bats de l'ail, Colombe ! Allez, dépêche-toi ! Tout le monde te regarde !  
 
LA COLOMBE  
Tu préfères l'ail droite ou l'ail gauche ?  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Fais comme tu voudras, Colombe ! Et surtout, dépêche-toi ! J'entends sonner la cloche, la récréation est terminée. Il faut que retourne en classe. J’ai un cours de poésie qui m’attend. Dépêche-toi, voyons !  
 
 
 
LA COLOMBE, bat des ailes  
Tu me crois, maintenant ?  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Bof ! Bof ! La poule de mon voisin fait exactement la même chose que toi. Vraiment, je ne vois pas ce que tu as de si différent des autres oiseaux à plumes... Bon, d'accord, tu parles ! Et alors ? Cela ne prouve rien. Moi aussi, je parle.  
 
 
 
LA COLOMBE  
Je l'ai remarqué.  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Tu m'excuses, mon amie la Colombe, je dois absolument rentrer en classe. Sinon, je vais me faire gronder par ma maîtresse.  
 
LA COLOMBE  
Tu as déjà voyagé dans les airs, Divine ?  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Honoré, mon papa, m'a dit qu'un jour il me ferait faire un grand voyage en avion tout là-haut dans les nuages !  
 
LA COLOMBE 
Je prie pour que ton vœu soit exaucé, Divine.  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
C’est vraiment très cool de ta part !  
 
LA COLOMBE 
Ton vœu, c’est un peu le mien aussi. 
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Vraiment ? 
 
LA COLOMBE 
A propos, ton papa t’a dit où il comptait t’emmener exactement ?  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Je ne te le dirai pas. C’est un secret entre mon papa Honoré et moi.  
 
LA COLOMBE 
Dis-moi ton secret et je te dirai le mien ensuite !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Non ! Dis-moi d’abord le tien, et ensuite, je te dirai le mien.  
 
LA COLOMBE 
De toute façon, je sais où ton Papa veut t’emmener ? 
 
 
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Tu ne trouveras jamais !  
 
LA COLOMBE 
Mais si, mais si !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Mais non, mais non !  
 
LA COLOMBE 
Mais si, mais si !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Très bien. Dans ce cas là, si tu trouves mon secret, moi aussi je prierai pour que ton vœu soit exaucé.  
 
 
 
LA COLOMBE 
Ah ! Ah ! je vois que tu aimes jouer.  
 
DIVINE 
J’adore jouer. 
 
LA COLOMBE 
Très bien. 
 
DIVINE 
Je t’écoute. 
 
LA COLOMBE 
Tu as déjà vu la tour Effel ?  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Mon Papa m’a dit que la tour Effel se trouvait à Paris.  
 
LA COLOMBE  
Et ton papa t’a dit aussi que c’était le plus haut monument de Paris.  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Comment tu sais tout ça, Colombe ? 
 
LA COLOMBE 
Je te l’ai dit, je ne suis pas un oiseau comme les autres.  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Tu es une maligne, Colombe !  
 
 
 
LA COLOMBE 
Pas autant que toi, Divine. 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Je te signale que tu n’as toujours pas deviné mon secret.  
 
LA COLOMBE 
Et pourtant, je ne suis pas loin du but.  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Trop tard ! Tu dois me livrer le tien à présent.  
 
LA COLOMBE 
Mais non, mais non ! 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Mais si, mais si ! 
 
LA COLOMBE 
Mais non, mais non ! 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Mais si, mais si ! 
 
LA COLOMBE 
Eh bien, j’ai trouvé ! 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Tu m’as juste parlé de la tour Effel. Et alors ? Cela ne prouve rien.  
 
 
 
LA COLOMBE 
Mais si, mais si !  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Mais non, mais non !  
 
LA COLOMBE 
Ton papa veut t’emmener en France, c’est bien cela ? 
 
 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Tu as découvert mon secret. Ce n’est pas juste, mais alors pas juste du tout !  
 
LA COLOMBE 
J’ai gagné !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Tu m’excuses, belle colombe, mais je dois absolument retourner en classe, j’ai un cours de poésie qui m’attend.  
 
LA COLOMBE 
Un instant, Divine. Où vas-tu ? Tu ne peux pas partir comme cela. Tu dois d’abord exaucer mon vœu.  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Mais non, mais non !  
 
LA COLOMBE 
Mais si, mais si !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Et ensuite, tu me diras ton secret ?  
 
 
LA COLOMBE 
Promis !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Dans ce cas, allons-y ! C’est quoi ton vœu ?  
 
LA COLOMBE 
Tu apprends la poésie, c’est bien cela ? 
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Je commence à peine. Bon. Abrège un peu !  
 
LA COLOMBE 
J’aimerais que tu lises un poème avec moi à haute voix. Tu veux bien faire cela pour moi ?  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Tu sais bien que mes connaissances en poésie sont minimes. Je regrette, mais je n’ai jamais entendu parlé de ce poème.  
 
 
 
LA COLOMBE 
Pas de vœu, pas de secret !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Tu es compliqué, Colombe. Si c’est comme cela, je m’en vais.  
 
LA COLOMBE 
Je lance le premier couplet, et tu poursuis. On fait comme cela, Tu vas voir, c’est magique !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Dépêche-toi, voyons ! Dépêche-toi !  
 
 
 
LA COLOMBE 
Sur mes cahiers d'écolier 
Sur mon pupitre et les arbres 
Sur le sable de neige 
J'écris ton nom 
 
La Colombe marque un léger temps d’arrêt 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
J’ai comme l’impression que le cours de poésie a déjà commencé.  
 
LA COLOMBE 
Surtout, reste concentrée !  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Ton poème est joli, en effet, mais je n’y arriverai pas.  
 
LA COLOMBE 
Je t’assure que tu peux le faire. Applique-toi !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Mais non, mais non !  
 
LA COLOMBE 
Mais si, mais si !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Zut alors ! Que ne faut-il pas faire pour découvrir un secret !  
 
LA COLOMBE 
Grimpe sur mon dos ! Tu trouveras beaucoup mieux l’inspiration en altitude !  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Il n’est pas question que je fugue de l’école. Si jamais papa Honoré l’apprend, il va me priver de dessert pour le restant de l’année.  
 
LA COLOMBE 
Ne t’en fais pas, il est au courant. C’est d’ailleurs lui qui m’a donné la permission de t’enlever. Papa Honoré sait parfaitement que tu n’as rien à craindre avec la Colombe de la Liberté.  
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Et dire que mon rêve était de voler. 
 
LA COLOMBE 
En voiture, s’il vous plait !  
 
MADEMOISELLE DIVINE, grimpe sur le dos de la Colombe 
Seulement, je te préviens… on ne va pas trop loin. 
 
LA COLOMBE 
J’ai un secret à te livrer, Divine. 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Ce n’était pas trop tôt ! Je t’écoute, ma chère Colombe. 
 
LA COLOMBE 
Nous allons nous rendre ensemble dans les écoles pour y récolter des poèmes d’enfants.  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
En voilà une drôle d’idée ! 
 
LA COLOMBE 
Cela te dirait-t-il de faire le tour du monde sur mon dos ?  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
J’avais dit : pas trop loin ! 
 
LA COLOMBE 
Sur les pages lues 
Sur toutes les pages blanches 
Pierre sang papier ou cendre 
J'écris ton nom 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Sur les images dorées 
Sur les armes des guerriers 
Sur la couronne des rois 
J'écris ton nom 
 
LA COLOMBE 
Sur la jungle et le désert 
Sur les nids sur les genêts 
Sur l'écho de mon enfance 
J'écris ton nom 
 
(Première partie du poème de Paul Eluard – « Liberté ») 
 
Après quoi, Divine s’envole sur le dos de la Colombe… 
 
FIN DE LA SCENE 1 
 
 
----------------------------- 
 
ACTE 1 / SCENE 2 
 
 
 
BAGAITA, APPOLINAIRE, LA COLOMBE, MADEMOISELLE DIVINE 
Divine est placé sur le dos de la Colombe avec qui elle plane dans les airs 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
C’est génial, mon amie la Colombe ! Trop génial ! J’ai la tête dans les nuages ! Si Papa Honoré et maman Julie voyaient ça, il n’en croirait pas leurs yeux ! J’adore planer dans les airs !  
 
LA COLOMBE 
On va bientôt atterrir, Divine. 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Déjà ! On vient à peine de décoller !  
 
LA COLOMBE 
Je viens d’apercevoir Appolinaire qui hurle près du fleuve sacré !  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
C’est qui Appolinaire ?  
 
 
 
LA COLOMBE 
C’est est un garçon très cool ! Il se rend régulièrement au bord du fleuve Congo pour adresser des complaintes au ciel.  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
En voilà une drôle d’idée ! Il ferait mieux d’apprendre ses leçons ! 
 
LA COLOMBE 
Ne t’en fais pas pour lui, Divine, Appolinaire est très doué. Il connaît ses leçons sur le bout de ses doigts. 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Hein ? Quoi ? Comment cela ?  
 
 
 
LA COLOMBE, s’apprête à atterrir au bord du fleuve Congo 
Tu verras bien, ma belle ! Bon, maintenant, accroche-toi à mon cou ! Je vais plonger dans le vide !  
 
MADEMOISELLE DIVINE, se pend à son cou 
Fais attention ! On va s’écraser, Colombe !  
 
LA COLOMBE 
Rassure-toi, Divine, j’ai des milliers d’heures de vol derrière moi.  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Je tiens trop à ma vie. 
 
 
 
 
 
LA COLOMBE 
Tu sais, chez moi, l’atterrissage, c’est comme le décollage, un jeu d’enfant ! Vois  
plutôt ! (La Colombe plonge dans le vide)  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Au secours !  
 
LA COLOMBE, atterrit 
Et hop là ! Atterrissage en douceur !  
 
MADEMOISELLE DIVINE, applaudit 
Bravo !  
La colombe atterrit au bord du fleuve Congo à quelques pas de Appolinaire qui médite 
 
LA COLOMBE, lui pose le doigt sur la bouche 
Silence ! Tu vois bien qu’Appolinaire médite.  
 
APPOLINAIRE 
Lorsque l'enfant paraît le cercle de famille  
Applaudit à grands cris ; son doux regard qui brille  
Fait briller tous les yeux,  
Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être ?  
Se dérident soudain à voir l'enfant paraître, Innocent et joyeux.  
Enfant vous êtes l'aube et mon âme est la plaine  
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine  
Qu'on ose pas toucher,  
Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire  
On rit, on se récrie, on l'appelle et sa mère  
Tremble à le voir marcher...  
Les yeux des enfants ont une douceur infinie,  
Et leur petites mains, joyeuses et bénies,  
Ignorent le mal encore !  
Jamais, vos jeunes pas n'ont touché notre fange, A l'auréole d'or !  
La nuit lorsque tout dort, quand l'esprit rêve, à l'heure  
Où l'on entend parfois une petite voix qui pleure,  
Sur des ailes d'azur,  
Sans le comprendre encore, vous explorez le monde.  
Double virginité : corps où rien n'est immonde,  
Ame où rien n'est impur !  
Il est si beau l'enfant avec son doux sourire,  
Ses deux grands yeux ouverts qui ne savent pas mentir.  
Dans le mal triomphant :  
Préserve-moi Seigneur, d'été sans fleurs vermeilles,  
De cage sans oiseaux, de ruche sans abeilles,  
D'une Maison sans enfants ... 
Lorsque l'enfant paraît - (Victor Hugo)  
 
 
 
MADEMOISELLE DIVINE, s’approche de lui et lui tape sur l’épaule 
Bonjour, mon frère !  
 
APPOLINAIRE 
Salut, petite sœur ! Moi, c’est Appolinaire !  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Je m’appelle Divine. Et voici dame la Colombe.  
 
LA COLOMBE 
Bonjour, Monsieur Appolinaire !  
 
APPOLINAIRE 
Je peux savoir ce que vous faites ici, tous les deux ?  
 
 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
J’ai été désignée pour récolter des poèmes dans le monde entier.  
 
APPOLINAIRE 
C’est quoi cette blague ?  
 
LA COLOMBE 
Divine dit la vérité, mon frère !  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Seulement voilà, je n’ai pas de panier pour les récolter.  
 
LA COLOMBE, fait apparaître un panier 
Il suffisait de le demander, Divine. 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Ouahou ! Comment tu fais ça ?  
 
LA COLOMBE 
N’oublie pas que j’ai plus d’un tour dans mon sac.  
 
 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Un jour où l’autre, il faudra que tu me donnes des cours de magie. 
 
LA COLOMBE 
Pas de problème !  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
C’est vrai ! Je vais devenir une magicienne ?  
 
LA COLOMBE 
Puisque je te le dis !  
 
APPOLINAIRE 
Ce n’est pas que je m’ennuie, les amis, mais la nuit va bientôt tomber… il faut que je retourne au village.  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Tu me donnes/un poème avant de partir. 
 
APPOLINAIRE 
Trop tard, Mademoiselle Divine ! Je viens d’en lancer un dans le ciel ! (Il s’apprête  
à partir) Bonsoir !  
 
MADEMOISELLE DIVINE, le retient par le bras 
Je ne peux pas quitter le fleuve Congo bredouille. De quoi vais-je avoir l’air, maintenant ?  
 
APPOLINAIRE 
Tu es tenace, petite sœur. 
 
LA COLOMBE 
Mademoiselle Divine sait ce qu’elle veut dans la vie.  
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Exactement ! (Elle lui tend son panier) Allez ! Donne-moi un poème avant de  
partir ! Tu veux bien ?  
 
APPOLINAIRE, se saisit du panier 
Grâce à toi, Divine, je vais retrouver ma dignité. Je vais te livrer le plus beau de  
mes poèmes. Satisfaite ? 
 
 
 
MADEMOISELLE DIVINE, lui fait un gros bisou sur la joue 
C’est comme ça que je t’aime, mon frère !  
 
APPOLINAIRE, chante en balançant lentement le panier 
Sur tous mes chiffons d'azur 
Sur l'étang soleil moisi 
Sur le lac lune vivante 
J'écris ton nom 
 
Sur les champs sur l'horizon 
Sur les ailes des oiseaux 
Et sur le moulin des ombres 
J'écris ton nom 
 
(Seconde partie du poème « Liberté » de Paul Eluard)  
 
 
BAGAITA, surgit au même moment prenant Appolinaire par le bras 
Enfants d'un jour, ô nouveaux nés,  
Petites bouches, petits nez,  
Petites lèvres demi-closes  
Membres tremblants,  
Si frais, si blancs,  
Si roses.  
Enfants d'un jour, ô nouveaux nés,  
Pour le bonheur que vous donnez  
A vous voir dormir dans vos langes  
Espoir des nids  
Soyez bénits !  
Chers anges !  
Pour vos grands yeux effarouchés  
Que sous vos draps blancs vous cachez,  
Pour vos sourires, vos pleurs même,  
Tout ce qu'en vous,  
Etres si doux,  
On aime !  
 
Lorsque sur vos chauds oreillers,  
En souriant vous sommeillez,  
Près de vous tout bas, ô merveille !  
Une voix dit :  
- Dors beau petit,  
Je veille.  
 
C'est la voix de l'ange gardien,  
Dormez, dormez, ne craignez rien,  
Rêvez, sous ses ailes de neige,  
Le beau jaloux  
Vous berce et vous  
Protège. 
 
Enfants d'un jour, ô nouveaux nés,  
Au Paradis, d'où vous venez.  
Un léger fil d'or vous rattache  
A ce fil d'or  
Tient l'âme, encor(e)  
Sans tache.  
 
Vous êtes à toute maison  
Ce que la fleur est au gazon,  
Ce qu'au ciel est l'étoile blanche  
Ce qu'un peu d'eau  
Est au roseau  
Qui penche. 
Mais vous avez de plus encor(e)  
Ce que n'a pas l'étoile d'or,  
Ce qui manque aux fleurs les plus belles :  
Bonheur pour nous  
Vous avez tous  
Des ailes. 
Les ailes des petits enfants - (Alphonse Daudet 1840-1897)  
 
 
 
 
Bagaita prend Appolinaire par le bras et l’entraîne avec lui. 
 
MADEMOISELLE DIVINE 
Là, c’est clair, je reste sans voix !  
Appolinaire remet le panier à Divine et quitte les lieux avec Bagaita… 
Après quoi, Divine grimpe sur le dos de la Colombe et s’envole… 
 
FIN DE LA SCENE 2 
 
 
 
 
 
 
ACTE 1 / SCENE 3 
 
MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, FLORE, LE PRINCE CHARMANT,MELANIE, KAÏS 
 
 
 
Divine est placé sur le dos de la Colombe avec qui elle vole sans le ciel  
 
LA COLOMBE, chante 
« Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… » 
 
DIVINE 
Je me demande où sont passés les nuages ?  
 
LA COLOMBE 
Dans le pays que nous survolons, la pluie est rare en été.  
 
 
 
DIVINE 
Les nuages me manquent drôlement. J’aime bien y plonger ma tête.  
 
LE COLOMBE 
Hélas, par temps caniculaire, tu ne risques pas d’en voir beaucoup par ici.  
 
 
 
DIVINE 
Vivement qu’on change de pays !  
 
LE COLOMBE 
Tu veux déjà quitter la France ?  
 
DIVINE 
Nous sommes en France ? Chouette : On va voir la tour Eiffel ! 
 
LE COLOMBE, chante 
« Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… »  
 
DIVINE 
J’ai soif, Colombe !  
 
LE COLOMBE, chante 
« Il y a le ciel, le soleil et la mer… il y a le ciel, le soleil et la mer… »  
 
DIVINE 
Ohé ! Tu m’écoutes quand je parle ? 
 
LE COLOMBE 
Qui dit « canicule » dit « sécheresse » ! 
 
DIVINE 
Je ne veux pas mourir assoiffée !  
 
LE COLOMBE 
Rassure-toi, Divine, on finira bien par trouver un point d’eau quelque part.  
 
 
 
DIVINE 
Mon Papa Honoré m’a dit qu’il y avait beaucoup de lacs et de rivières en France. 
 
LE COLOMBE 
Il est formellement interdit de boire l’eau des lacs et des rivières, Divine, pour cause d’intoxication. Tu n’es pas sans ignoré, ma chère, que les industries y ont déversé leurs  
déchets… que 80 pour cent des rivières sont polluées. Triste constat, je sais bien.  
 
DIVINE 
Je meurs de soif, Colombe !  
 
LE COLOMBE 
La seule eau potable est celle qui coule du robinet. Une eau bien traitée. Il y a aussi les sources  
qui dorment dans des bouteilles en plastic.  
 
 
 
DIVINE 
Des sources qui… quoi ? 
 
LE COLOMBE 
De l’eau d’Evian !  
 
DIVINE 
Connais pas !  
 
 
 
LE COLOMBE 
Il y aussi l’eau de Contrexéville. 
 
DIVINE 
J’ai hâte de connaître cela !  
 
LE COLOMBE 
J’aperçois un village à 2000 lieues plus bas. Accroche-toi à mon cou, je vais plonger dans le  
vide !  
 
Quelques instants plus tard, la colombe atterrit dans un jardin.  
 
 
 
KAÏS, est assise sur le rebord de la fenêtre 
Peindre d'abord une cage avec une porte ouverte,  
Peindre ensuite quelque chose de joli, de simple et de beau,  
Placer ensuite la toile contre un arbre ou dans un jardin.  
Se cacher derrière l'arbre, silencieusement sans bouger...  
Le portrait d'un oiseau –Première partie - (Jacques Prévert 1903-1976)  
 
 
 
LA COLOMBE, interpelle Kaïs 
Hep ! Mademoiselle Kaïs ! Tu veux bien me passer une bouteille d’eau, s’il te plait ? Divine et moi mourrons de soif !  
 
KAÏS 
Qu’est-ce que vous faites dans mon jardin ? Et puis, d’abord, je ne vous connaîs pas. 
 
LA COLOMBE 
Moi, je te connais. Mais dis-moi, pourquoi gémis-tu de la sorte sur le rebord de ta fenêtre ? 
 
KAÏS 
Parfois l'oiseau arrive vite, ou bien des années après,  
Ne pas se décourager : attendre.  
Si l'oiseau arrive, attendre que l'oiseau pénètre dans sa cage,  
fermer alors tout doucement la porte avec le pinceau,  
Puis effacer un à un tous les barreaux... Peindre ensuite le vert feuillage, la fraîcheur du vent, la poussière du soleil, le bruit des bêtes, de l'herbe dans la chaleur de l'été.  
Si l'oiseau chante c'est bon signe, vous pouvez alors signer le tableau en arrachant tout doucement une des plumes de l'oiseau et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau. 
Le portrait d'un oiseau – Seconde partie - (Jacques Prévert 1903-1976) 
 
 
 
LA COLOMBE 
Ah ! Je comprends mieux maintenant : tu es poétesse !  
 
KAÏS 
Et après ? 
 
LA COLOMBE 
Cela tombe bien, Mademoiselle Divine a pour mission de récolter des poèmes dans le monde  
entier auprès des enfants et adolescents ? 
 
KAÏS 
Contente de l’apprendre.  
 
DIVINE 
C’est cool ! Tu vas pouvoir m’en donner un.  
 
KAÏS 
Et tu comptes en faire quoi ensuite ?  
 
DIVINE 
Le faire découvrir à tous les enfants de la Francophonie.  
 
 
 
KAÏS 
Mes poèmes n’intéressent personne.  
 
DIVINE 
Bien sûr que oui. 
 
LA COLOMBE 
Rends-toi compte, Kaïs, tu vas être connu dans le monde entier ! Tout le monde va savoir ce  
que tu as dans le cœur. 
 
DIVINE 
C’est génial, tu ne trouves pas ? 
 
KAÏS 
Et bien entendu, il faut payer pour participer à ce jeu.  
 
LA COLOMBE 
Absolument pas !  
 
KAÏS 
Je ne te crois pas, Colombe. 
 
LA COLOMBE 
Je t’assure que c’est vrai, Kaïs. 
 
KAÏS 
Rien n’est gratuit de nos jours, Je ne te crois pas. 
 
DIVINE 
Tu as raison, Kaïs !  
 
LA COLOMBE 
Tais-toi, Divine ! Ne raconte pas de bêtises ! C’est gratuit et plus que gratuit !  
 
DIVINE 
Mais non, mais non !  
 
LA COLOMBE 
Mais si, mais si !  
 
DIVINE 
Mais non, mais non !  
 
LA COLOMBE 
Mais si, mais si !  
 
KAÏS 
Bon, faudrait savoir… je dois payer pour vous donner un poème, oui ou non ?  
 
DIVINE 
Nous récolterons ton poème à condition que tu me montres la source qui coule dans une bouteille en plastic.  
 
KAÏS 
C’est quoi ce délire ?  
 
LA COLOMBE 
Une bouteille d’Evian !  
 
DIVINE 
J’ai soif !  
 
KAÏS 
Mais d’où peuvent-ils bien sortir, ces deux assoiffés ? Vous arrivez du désert ? 
 
DIVINE 
Tu veux que les enfants découvrent ton poème, oui ou non ? Bon, dépêche-toi !  
 
LA COLOMBE 
Cela suffit, Divine ! C’est quoi ces manières ? Depuis quand marchandes-tu ? Ce n’est pas ce qui était convenu entre nous, voyons !  
 
DIVINE 
Mais si, mais si !  
 
LA COLOMBE 
Mais non, mais non !  
 
 
 
DIVINE 
Mais si, mais si !  
 
LA COLOMBE 
Mais non, mais non !  
 
KAÏS, siffle 
Bon, c’est d’accord ! J’accepte ! Tu l’auras ta bouteille d’eau ! 
 
DIVINE 
C’est super ! Je vais boire une bouteille d’Evian !  
 
KAÏS 
Désolé, je n’ai pas d’Evian. En revanche, j’ai du contrex ! (Il lui montre une bouteille d’eau) Elle  
contient un litre d’eau. 
 
DIVINE 
Ce n’est pas ce que j’ai demandé.  
 
KAÏS 
Mais si, mais si !  
 
DIVINE 
Mais non, mais non !  
 
KAÏS 
Mais si, mais si !  
 
LA COLOMBE 
Bon, abrégez les enfants ! J’ai soif !  
 
DIVINE, place son panier sous la fenêtre 
Dépose la bouteille dans le panier, Kaïs !  
 
KAÏS 
C’est toujours d’accord pour mon poème, les amis ?  
 
DIVINE 
Magne-toi, Kaïs ! Nous sommes sur le point de mourir de soif !  
 
KAÏS 
Mais avant toute chose, je déclame mon poème. 
 
DIVINE 
Mais non, mais non !  
 
KAÏS 
Mais si, mais si !  
 
DIVINE 
Mais non, mais non !  
 
KAÏS 
Mais si, mais si !  
 
LA COLOMBE 
Accordé !  
 
Divine se place sous la fenêtre le panier à la main 
 
KAÏS, déclame son poème à haute voix la bouteille à la main  
C'est un trou de verdure où chante une rivière  
Accrochant follement aux herbes des haillons  
D'argent ; où le soleil de la montagne fière,  
Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.  
 
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,  
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,  
Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,  
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.  
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme  
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :  
Nature, berce-le chaudement : il a froid.  
 
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;  
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine  
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit. 
 
Le dormeur du Val - (Arthur Rimbaud 1854-1891)  
 
 
 
Divine et la Combe applaudissent 
 
Kaïs dépose ensuite la bouteille d’eau dans le panier et quitte le rebord de la 
Fenêtre 
 
LA COLOMBE, se saisit de la bouteille 
A ta santé, Kaïs !  
 
Divine et la Colombe s’abreuvent 
 
DIVINE  
Elle est drôlement bonne cette source de Contrex ! J’adore !  
 
LA COLOMBE, lui retire la bouteille des mains 
Oui, ben… ce n’est pas une raison pour tout boire. Laisse s’en un peu. La route  
est encore longue ! (Elle dépose la bouteille dans le panier)  
 
MELANIE, rentre dans le jardin, accompagnée de Flore 
Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup 
Il enrichit ceux qui le reçoivent 
Sans appauvrir ceux qui le donnent 
Il ne dure qu'un instant 
Mais son souvenir est parfois éternel 
Personne n'est assez riche pour s'en passer 
 
Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter 
Il crée le bonheur au foyer 
Il est le signe sensible de l'amitié 
Un sourire donne du repos à l'être fatigué 
Rend du courage au plus découragé 
Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler 
Car c'est une chose qui n'a de valeur 
Qu'à partir du moment où il se donne 
Et si quelquefois vous rencontrez une personne 
Qui ne sait plus avoir le sourire 
Soyez généreuse, donnez-lui le vôtre 
Car nul n'a autant besoin d'un sourire 
Que celui qui ne peut en donner aux autres. 
 
 
 
FLORE 
Merci pour tes dix conseils, Mélanie !  
 
MELANIE 
Tu es mon amie.  
 
DIVINE, accourt au devant des filles 
Vous arrivez à temps, les filles. La colombe et moi étions sur le point de nous envoler. Allez-y ! Déposez vos poèmes dans le panier !  
 
FLORE 
Si tu es las et que la route te paraît longue 
Si tu t'aperçois que tu t'es trompé de chemin 
Ne te laisse pas couler au fil des jours et du temps 
Recommence... 
Si la vie te semble trop absurde 
Si tu es déçu par trop de choses et trop de gens 
Ne cherche pas à comprendre pourquoi 
 
Recommence... 
 
Si tu as essayé d'aimer et d'être utile 
Si tu as connu ta pauvreté et tes limites 
Ne laisse pas là une tâche à moitié faite 
Recommence... 
Si les autres te regardent avec reproche 
S'ils sont déçus par toi, irrités 
Ne te révolte pas, ne leur demande rien 
Recommence... 
Car l'arbre rebourgeonne en oubliant l'hiver 
Car le rameau fleurit sans demander pourquoi 
Car l'oiseau fait son nid sans songer à l'automne 
Car la vie est espoir et recommencement. 
Auteur non connu 
 
 
 
Tout le monde applaudit 
 
LE PRINCE CHARMANT, surgit  
Je t’ai dit de ne plus remettre les pieds ici, Flore ! Va-t-en !  
 
MELANIE 
Pas question !  
 
LE PRINCE CHARMANT  
De quoi je me mêle, Mélanie ?  
 
 
FLORE 
Mélanie est ma copine. Tu l’as laisse tranquille !  
 
LE PRINCE CHARMANT 
Que viens-tu faire dans mon jardin, Flore ? Va-t-en !  
 
FLORE 
J’attends tes explications.  
 
LE PRINCE CHARMANT 
Je n’ai rien à te dire.  
 
FLORE 
Tu n’es pas cool comme prince charmant.  
 
LE PRINCE CHARMANT 
Je fais ce que je peux.  
 
FLORE 
Réfléchis tout de même. 
 
LE PRINCE CHARMANT 
C’est tout vu ! Bon, très bien, c’est moi qui m’en vais !  
Il s’apprête à partir 
 
MELANIE, retient le prince charmant par le bras 
Dis-moi quelque chose. 
 
LE PRINCE CHARMANT 
Mignonne, allons voir si la rose  
Qui ce matin avait éclose  
Sa robe de pourpre au soleil  
A point perdu cette vêprée  
Les plis de sa robe pourprée  
Et son teint au vôtre pareil.  
Las ! voyez comme en peu d'espace,  
Mignonne, elle a dessus la place,  
Las, las ! ses beautés laissé choir !  
O vraiment marâtre Nature  
Puisqu'une telle fleur ne dure  
Que du matin jusque au soir !  
Donc si vous me croyez, mignonne,  
Tandis que votre âge fleuronne  
En sa plus verte nouveauté,  
Cueillez, cueillez votre jeunesse :  
Comme à cette fleur la vieillesse  
Fera ternir votre beauté. 
La Rose (Pierre de Ronsard : 1524 - 1585) (Odes 1,17)  
FLORE, danse avec le prince charmant tout en déclamant son poème 
On ne peut me connaître  
Mieux que tu me connais  
Tes yeux dans lesquels nous dormons  
Tous les deux,  
Ont fait à mes lumières d'homme  
Un sort meilleur qu'aux nuits du monde.  
Tes yeux dans lesquels je voyage  
Ont donné aux gestes des routes  
Un sens détaché de la terre.  
Dans tes yeux ceux qui nous révèlent  
Notre solitude infinie  
Ne sont plus ce qu'ils croyaient être.  
On ne peut te connaître, mieux que je te connais.  
Elle est debout sur mes paupières  
Et ses cheveux sont dans les miens  
Elle a la forme de mes mains  
Elle a la couleur de mes yeux,  
Elle s'engloutit dans mon ombre  
Comme une pierre sur le ciel.  
Elle a toujours les yeux ouverts  
Et ne me laisse pas dormir,  
Ses rêves en pleine lumière  
Font s'évaporer les soleils... 
 
LES YEUX FERTILES - (Paul Eluard 1895-1952)  
 
 
 
Le prince charmant prend Flore par la main et quitte les lieux ; Mélanie s’en va de son coté… 
 
LA COLOMBE 
Mademoiselle Divine a-t-elle récolté suffisamment de poème pour  
aujourd’hui ? 
 
DIVINE 
Fabuleux ! Je suis rassasiée !  
 
LA COLOMBE 
Et maintenant, si nous allions voir la tour Eiffel ?  
 
DIVINE, grimpe sur le dos de la Colombe 
C’est une bonne idée !  
 
LA COLOMBE 
Décollage immédiat !  
 
Divine et la Colombe s’envolent rapidement 
 
FIN DE LA SCENE 3 
 
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ACTE 1 / SCENE 4 
 
MADEMOISELLE DIVINE, LA COLOMBE, AGATHE 
 
 
 
Le vent souffle… en soirée… 
 
LA COLOMBE, vol dans les airs avec Divine sur son dos 
Ces jours-ci, tu as fais une très belle récolte de poèmes, Divine. 
 
DIVINE, pendue au cou de la Colombe, le panier sous son bras 
Oui, oui. 
 
LA COLOMBE 
Tu n’es pas contente ? 
 
DIVINE 
Si, si… 
 
LA COLOMBE 
On ne dirait pas !? 
 
DIVINE 
Si, si… 
 
LA COLOMBE 
C’est tout ce que tu dis ?  
 
AGATHE, dans le panier 
Mademoiselle Divine a froid, Colombe ! 
 
DIVINE 
Je gèle ! Le vent souffle très fort, ce soir. Je ne porte qu’un sweet-shirt sur moi.  
 
LA COLOMBE 
Tu aurais pu prévoir un blouson pour te couvrir ? 
 
DIVINE 
A Kinshasa, il fait toujours chaud. Tu devrais le savoir, Colombe. Ce n’est pas comme dans les nuages. 
 
AGATHE, dans le panier 
J’ai de la chance d’être au chaud. 
 
DIVINE 
Ne te moque pas de moi, Colombe.  
 
LA COLOMBE 
Je n’ai rien dit.  
 
DIVINE 
N’en rajoute pas, s’il te plait. Je ne suis pas d’humeur, ce soir. 
 
AGATHE, dans le panier 
Tu ferais mieux de me rejoindre, si tu ne veux pas finir congelée. 
 
LA COLOMBE 
Et qui va voler à ma place ?  
 
AGATHE, dans le panier, pouffe de rire 
La Colombe sur le dos de Divine. Ce serait très amusant !  
 
DIVINE, passe sa main dans le panier  
Ca y est, je te tiens !  
AGATHE, dans le panier 
Lâche mes cheveux, Divine ! Tu me fais mal !  
 
DIVINE 
Que fais-tu dans le panier ? Sors de là immédiatement ! Divine lui sort la tête du panier 
 
AGATHE, crie 
Fais attention ! Tu vas m’arracher les cheveux.  
 
DIVINE, lui secoue la tête 
Je t’ai posé une question : tu as 2 secondes pour répondre. Quand et comment t’es-tu introduite  
dans mon panier ?  
 
 
 
AGATHE, balbutie en parlant 
Je te croyais « cool », Divine. 
 
LA COLOMBE 
Qui est cette demoiselle, Divine ? Dis-lui qu’elle s’en aille.  
 
AGATHE 
Gardez-moi avec vous.  
 
DIVINE 
Mais tout d »abord, qui es-tu ? 
 
AGATHE 
Je m’appelle Agathe. Tu veux bien me lâcher les cheveux, maintenant ? Sois cool, Divine ! Je  
te promets que je ferai tout ce que tu voudras. Je te le jure, ma soeur !  
 
LA COLOMBE 
Fais lui faire un vol plané, Divine. 
 
AGATHE 
Pas ça ! Pas ça ! Je t’en conjure, Divine ! Je serai sage comme une image. Tu as ma parole. 
 
DIVINE 
Ca souffle très fort, ce soir… tu ne trouves pas Agathe ? 
 
AGATHE, lui remet un pull-over 
J’ai tout prévu ! Tiens, je t’offre un pull-over 
 
DIVINE 
C’est vraiment cool de ta part ! 
 
AGATHE 
Dépêche-toi de l’enfiler, sinon tu vas prendre froid. C’est de la laine de mouton. 
 
DIVINE, enfile le pull-over 
Chouette ! J’adore compter les moutons la nuit !  
 
LA COLOMBE 
Agathe est encore là, Divine ? 
 
 
AGATHE 
Oui, et même que je viens avec vous. 
 
DIVINE, lui tire les cheveux 
Un instant, ma belle ! Je ne t’ai jamais dit que tu restais.  
 
AGATHE 
Tu ne vas tout de même pas me balancer dans les airs. Je ne sais pas voler. Et puis, ce n’est  
pas bien du tout de tirer les cheveux. 
 
LA COLOMBE 
Silence ! Tu vas apprendre à voler. 
 
AGATHE 
Et moi qui croyais que Divine était une demoiselle pacifiste.  
 
LA COLOMBE 
Je suis gentil mais pas idiote. Je ne me rappelle pas t’avoir invité à planer avec moi dans les  
airs.  
 
AGATHE 
Je n’avais pas de toit et de famille, alors, j’ai vu un panier vide et je suis rentré dedans.  
 
DIVINE 
C’est vrai ce mensonge ?  
 
LA COLOMBE 
Ne l’écoute pas, Divine, elle nous fait tourner en bourrique. 
 
AGATHE 
C’est faux ! J’aime l’amitié par-dessus tout. J’aime partager avec mes amis. 
 
DIVINE 
Dans ce cas, prouve-le !  
 
AGATHE 
Comment ?  
 
LA COLOMBE 
Si tu veux poursuivre l’aventure sur mon dos, il te faut un laisser passer.  
 
AGATHE 
Je regrette, je n’ai pas de passeport. 
 
DIVINE 
Si tu veux être libre, Agathe, il faut que tu nous offres un poème. 
 
AGATHE 
Je n’en ai pas.  
 
LA COLOMBE 
C’est la seule condition pour rester avec nous. 
 
 
 
DIVINE 
Tu n’as pas le choix.  
 
AGATHE 
Désolé, je n’ai rien à dire.  
 
DIVINE, lui tire l’oreille 
Une seconde… 
 
LA COLOMBE 
Changement de cap, Divine ! Je dois contourner le vent. Ne t’en fais pas, toutes les routes  
mènent à la tour Eiffel. 
 
AGATHE 
On va voir la tour Eiffel ?  
 
DIVINE 
Tout dépendra de toi. J’écoute ! 
 
AGATHE, déclame un poème 
La vie est une chance, saisis-la. 
La vie est beauté, admire-la. 
La vie est une béatitude, savoure-la. 
La vie est un défi, fais-lui face. 
La vie est un devoir, accomplis-le. 
La vie est précieuse, prends-en soin. 
La vie est une richesse, conserve-la. 
La vie est amour, jouis-en. 
La vie est un mystère, perce-le. 
La vie est promesse, remplis-la. 
La vie est tristesse, surmonte-la. 
La vie est un hymne, chante-le. 
La vie est un combat, accepte-le. 
La vie est une tragédie, assume-la. 
La vie est une aventure, ose-la. 
La vie est un bonheur, mérite-le. 
La vie est la vie, défends-la. 
 
Mère Teresa 
 
 
 
LA COLOMBE  
Bravo, Agathe ! Maintenant, tu fais partie des nôtres. Un conseil, ma grande : ne prend pas trop de poids au cours du voyage !  
 
AGATHE 
Et pourquoi cela ?  
 
LA COLOMBE 
Deux passagères sur les épaules, c’est déjà suffisamment lourd comme ça.  
 
 
 
AGATHE 
Ne t’en fais pas, colombe, je soigne ma ligne ! Je ne mange que des feuilles de salade. Je ne te  
coûterai pas cher ! 
 
DIVINE 
Tu te moques de nous ? 
 
AGATHE 
Pas du tout ! Quand je serai plus grande, j’ai l’intention de devenir mannequin. 
La Colombe disparaît dans un nuage avec Divine et Agathe sur son dos, 
 
FIN DE LA SCENE 4 
 
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ACTE 1 / SCENE 5 
 
DIVINE, LA COLOMBE, AGATHE, ZIAD, LA MAMAN DE ZIAD 
 
Quelques temps plus tard… 
 
La Colombe sort du nuage et vole en basse altitude avec Mademoiselle Divine et Agathe sur son dos 
 
DIVINE 
A présent, où sommes-nous, ma jolie Colombe ?  
 
LA COLOMBE, qui vole en basse altitude 
A vrai dire, je l’ignore, Divine !? 
 
AGATHE, dans le panier 
Quoiqu’il en soit, nous ne sommes pas à Paris, Divine. Je n’aperçois pas la tour Eiffel.  
 
DIVINE 
Je me demande si on la verra un jour la tour Eiffel !?  
 
AGATHE  
Garde toujours en toi une positive vibration, ma sœur.  
 
DIVINE 
Je ne fais que cela, Agathe ! Je t’en supplie, ne dis plus un mot ! C’est suffisamment stressant comme ça, tu ne crois pas, ma sœur ?  
 
LA COLOMBE 
Attention ! Il y a un mur juste en face de nous ! Je ne vais pas pouvoir l’éviter. Bouchez-vous les yeux, les filles !  
 
DIVINE 
Que se passe-t-il encore ?  
 
AGATHE, se cache dans le panier 
Mon Dieu ! Qu’il est grand ce mur !  
 
LA COLOMBE, s’écrase le nez contre le mur  
Trop tard !  
Quelques instant plus tard, Divine, Agathe et la Colombe sont allongées sur le sol, abasourdies, au pied d’un mur qui sépare en deux une maison… 
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur 
Ziad ! Ziad ! Réveille-toi, mon, fils !  
ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci 
Je suis fatigué, Maman ! Laisse-moi dormir, s’il te plait !  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur 
Je crois bien que quelqu’un s’est écrasé contre le mur qui donne de ton coté !? Tu veux bien vérifier, mon fils, merci. De mon coté, tu sais bien que je ne vois rien du tout. 
 
ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci 
J’ai passé une nuit blanche, Maman… j’ai sommeil… 
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur 
La nuit, c’est fait pour dormir, Ziad mon fils !  
ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci 
Cette nuit, j’ai dû apprendre correctement mes leçons. Alors, tu comprends, il faut que je me repose un peu, maman… tu sais bien que cet après-midi je passe mon examen pour devenir professeur de français.  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur 
Excuse-moi, mon fils, je ne m’en souvenais plus. D’ailleurs, depuis qu’il y a ce mur, je ne suis plus vraiment au courant de ce qui se passe de l’autre coté de la frontière.  
 
ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci 
Je comprends cela parfaitement, Maman.  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur 
Il y a si longtemps que je n’ai plus revu ton visage, mon fils.  
 
ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci 
Que cela te rassure, maman, je n’ai pas beaucoup changé.  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur 
Dis-moi, mon fils, tu portes toujours le pantalon que je t’ai offert l’été dernier ?  
 
ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci 
Non, Maman.  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur 
Tu attends la prochaine lune pour porter ton pantalon sur toi ?  
 
ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci 
J’attends que tu me le renvoies par-dessus le mur, chère et tendre maman.  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur 
Effectivement, mon fils. Je l’ai justement lavé hier soir.  
 
ZIAD, placé dans la maison qui donne de ce coté-ci 
Cet après-midi, je souhaiterais le porter sur moi pour passer mon examen de français.  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur 
Ton pantalon sèche à présent dans le jardin. Je vais quant même aller vérifier. De ton coté, vas voir qui s’est écrasé contre le mur.  
ZIAD, sort de la maison qui donne de ce coté-ci 
C’est ce que je m’apprête à faire, Maman.  
LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur 
Et tu vois quelque chose, mon fils ? 
 
ZIAD, se dirige vers nos amis qui sont au sol abasourdis 
J’aperçois 2 petites filles et une Colombe allongées sur le sol au pied du mur  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur 
Et que font-elles exactement ?  
 
ZIAD, placé à coté de nos amis 
Elles ont été secouées par le choc, Maman. Je te rassure, elles sont vivantes !  
 
AGATHE 
Nous sommes simplement KO, Madame !  
 
ZIAD 
L’une des petites filles dit qu’elle est simplement K.O, Maman. 
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur 
J’ai entendu, Ziad, je ne suis pas sourde !  
 
AGATHE, tend la main à Ziad 
S’il vous plait, Monsieur, aidez-moi à me relever !  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur 
Aide-la à se relever, mon fils !  
 
ZIAD, aide Agathe à se relever 
C’est ce que je fais, Maman.  
 
DIVINE, lui tend sa main 
Moi aussi, Monsieur…  
 
ZIAD 
Je m’appelle Ziad, Mesdemoiselles.  
 
DIVINE, lui sert la main 
Je m’appelle Divine et ma copine s’appelle Agathe. 
 
ZIAD 
Je vous souhaite la bienvenue à la frontière ! Ma maman habite de l’autre coté du grand mur qui nous sépare. Je reviens ; Vous m’excuserez. (Il rentre dans la maison)  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée dans la maison qui donne de l’autre coté du mur 
Pauvre petite ! J’espère qu’elles ne se sont pas fait mal !? 
 
DIVINE 
C’est surtout la Colombe qui a eu mal, Madame !  
 
AGATHE 
Elle a percutée de plein fouet le grand mur.  
 
DIVINE 
Pourvu qu’il ne lui soit rien arrivé de grave. 
LA COLOMBE, se relève 
Que cela vous rassure, Mesdemoiselles, je suis saine et sauve ! J’ai juste quelques égratignures. Mon bec a un peu morflé. (Puis elle bat des ailes) Pour ce qui est des ailes, comme vous pouvez voir, celles-ci sont intactes.  
 
AGATHE 
Es-tu prêtes à décoller, Colombe ?  
 
LA COLOMBE 
Tout doux, tout doux ! Tu permets que je reprenne mes esprits, Agathe ? 
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur 
Je présume que vous n’avez rien dans le ventre, les enfants ? Dans ce cas, je vais vous préparer des galettes. 
 
LA COLOMBE, qui bat de l’aile 
C’est très gentil à vous, Madame.  
 
LA MAMAN DE ZIAD 
Quant à toi, Ziad, tu veux bien leur servir une tasse de thé.  
 
ZIAD, sort de la maison, un plateau en main sur lequel repose une théière et des tasses 
C’est ce que je m’apprête à faire, Maman. Je vous invite à prendre une tasse de thé à la menthe, Mesdemoiselles.  
 
DIVINE 
C’est cool !  
 
ZIAD, sert le thé à chacune dans une tasse 
Peut-on savoir ce que vous venez faire dans les parages, Mesdemoiselles ?  
 
AGATHE 
La Colombe est sensée nous transporter sur son dos jusqu’à Paris pour voir la tour Eiffel. 
 
LA COLOMBE 
C’est comme si nous y étions, les filles ! 
 
DIVINE, la tasse de thé en main 
En face de moi, je ne vois qu’un grand mur pour le moment.  
 
LA COLOMBE 
Tu es fâchée, Divine, c’est bien cela ?... je suis désolée, le ciel était nuageux… tu comprends…  
 
DIVINE, boit le thé 
Je sais cela parfaitement.  
 
LA COLOMBE 
Je n’avais pas le choix… il m’a fallu rebrousser chemin… 
 
DIVINE 
Nous partons dans combien de temps ?  
 
 
 
LA COLOMBE 
D’abord, on mange les galettes de la maman de Ziad, et ensuite, nous repartons de plus belle ! Tu as ma parole, Divine !  
 
DIVINE 
Je veux partir maintenant ! 
 
AGATHE 
Eh bien moi, je reste ici pour manger les galettes. 
 
DIVINE, dépose sa tasse sur le plateau 
Pas question ! Tu décolles avec nous, Agathe. 
 
AGATHE 
Je fais ce que je veux. 
 
DIVINE, grimpe sur le dos de la Colombe  
Très bien. Je pars sans toi. Allons-y, Colombe ! 
 
ZIAD, qui tient dans ses mains le panier de Divine contenant les poèmes 
Un instant, Divine ! Tu oublies quelque chose. 
A ce moment-là, on aperçoit une corde au bout laquelle est accroché un panier rempli de galette 
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur  
Vous ne pouvez pas partir sans avoir goutté à mes galettes, les filles !  
 
AGATHE 
La Maman de Ziad a raison. Nous devons faire honneur à ses galettes !  
 
LA COLOMBE 
On mange les galettes et on part ensuite, Divine. Tu as ma parole. 
 
DIVINE, se frotte les mains 
Tout compte fait, moi aussi j’adore les galettes !  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée de l’autre coté du mur 
J’en étais sûre, ma fille ! Allez-y, les enfants, régalez-vous !  
Divine se dirige vers le panier rempli de galette, suivie d’Agathe et de la colombe. Tous trois dévorent les galettes. Peu après… 
 
LA COLOMBE 
Et maintenant que nous avons le ventre plein de galettes, les filles, nous pouvons décoller !  
 
DIVINE et AGATHE, grimpent sur le dos de la colombe  
En voiture, s’il vous plait !  
 
LA COLOMBE 
Direction Paris la tour Eiffel ! Accrochez vos ceintures les filles !  
 
DIVINE 
Au revoir, Maman Ziad !  
 
 
AGATHE 
Mille et un mercis pour les galettes !  
 
ZIAD, qui tient toujours dans ses mains le panier de Divine contenant les poèmes 
Un instant, Divine, tu n’oublies rien ? Tu ne vas tout de même pas partir sans ton panier à poèmes ?  
 
DIVINE 
Que suis gourde ! J’ai oublié le panier !  
 
ZIAD 
Mais avant de te le remettre, me permets-tu d’y déposer un poème ?  
 
LA MAMAN DE ZIAD, placée derrière le mur 
S’agit-il du poème que tu as rédigé toute la nuit pour ton examen de français, Ziad ?  
 
ZIAD 
C’est exactement cela, Maman ! 
 
LA MAMAN DE ZIAD 
Eh bien, mon fils, tu attends quoi pour le déposer dans le panier de Divine. Le monde entier souhaite le découvrir.  
 
ZIAD 
C’est justement ce que je m’apprêtais à faire, Maman. 
 
DIVINE, AGATHE et LA COLOMBE, encourage Ziad 
Hip, Hip, Hip pour Ziad ! Hourra ! Hourra !  
ZIAD 
 
MADEMOISELLE DIVINE  
Sur chaque bouffées d'aurore 
Sur la mer sur les bateaux 
Sur la montagne démente 
J'écris ton nom 
 
LA COLOMBE 
Sur la mousse des nuages 
Sur les sueurs de l'orages 
Sur la pluie épaisse et fade 
J'écris ton nom 
 
Liberté  
 
(Troisième partie du poème « Liberté » de paul Eluard)  
 
Ziad remet le panier à Divine 
 
LA COLOMBE 
Que Dieu vous protège !  
Après quoi, la Colombe décolle avec Divine et Agathe sur son dos… 
A suivre… 
 
FIN DE LA SCENE 5  
 
FIN DE L’EPISODE
 
 
 

  
(c) Emilien Casali - Créé à l'aide de Populus.
Modifié en dernier lieu le
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